"Réfugiés"/"migrants" : le débat sémantique s'invite dans le débat politique

Publié à 13h38, le 31 août 2015 , Modifié à 13h45, le 31 août 2015

"Réfugiés"/"migrants" : le débat sémantique s'invite dans le débat politique
Montage le Lab © AFP

SÉMANTIQUE - C'est un débat qui a agité les rédactions ces derniers jours (comme ici ou ici) et qui s'invite désormais dans le champ politique : doit-on parler de "migrants" ou de "réfugiés" à l'heure d'évoquer les milliers de personnes rejoignant chaque jour les côtes européennes ?

Alors que Manuel Valls est ce lundi 31 août à Calais pour évoquer la question des "migrants", Michel Sapin et Nathalie Kosciusko-Morizet ont choisi de faire de la pédagogie sur le sujet. 

Invité de France Info, Michel Sapin a tenu à faire la différence entre les deux termes pour justifier la position de Manuel Valls qui, depuis La Rochelle le 30 août, prônait l'accueil des demandeurs d'asile. Il dit :

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Est-ce que je peux dire un mot sur le terme même de 'migrant' ? Parce qu'au fond, aujourd'hui, c'est pas qu'il y ait du mouvement de population, il y en a toujours eu, c'est qu'il y ait des réfugiés. Les réfugiés, ce sont ceux qui sont chassés de chez eux, qui sont chassés et qui partent pour des raisons qui tiennent à leur vies. Qui tiennent à l'intégrité de leur corps. Parce que quand ils sont en Syrie, quand ils sont en Irak ou parce qu'ils appartiennent à telle ou telle minorité ethnique ou religieuse, c'est leur vie qui est en cause. 



Et c'est la 1ère fois depuis 1945 qu'il y a de tels mouvements de réfugiés. Donc on ne peut rester là comme ça, sans regarder, sans réagir parce qu'il y a de l'humanité. Nous avons une tradition. L'Europe, pas la France, l'Europe a une tradition d'accueil des réfugiés. Alors ne confondons pas.

 

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Une distinction sémantique que Nathalie Kosciuszko-Morizet effectue également. Cependant, il s'agit pour elle de mieux attaquer le gouvernement qui, selon elle, joue sur les mots à des fins politiques. Interrogée sur "les migrants", elle dit :

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Je vous arrête tout de suite sur ce terme : les 'migrants' ou les 'réfugiés'. Parce qu'il y a une confusion qui est entretenue, notamment par le gouvernement, et qui est dangereuse. Sauf que le gouvernement a une responsabilité particulière parce que eux ils sont au pouvoir, ils ont la responsabilité de dire les choses et en quelque sorte de tracer la voix, de donner une vision. 



En tout cas, il y a confusion entre le mot 'migrants' qui renvoie à toutes les migrations, quelle que soit leur nature, qu'ils s'agissent de migrations politiques, qu'il s'agissent de migrations économiques etc ... et le mot 'réfugiés' qui renvoie à la migration politique, à la suite de persécutions ou de guerres. Cette confusion est dangereuse parce qu'elle risque en fait de mettre en péril quelque chose auquel nous sommes tous attachés qui est le droit d'asile.

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Pour l'élue LR, le gouvernement est donc coupable de jouer avec une confusion des termes afin de légitimer sa position "humaniste", qui, à terme menacerait le droit d'asile. Ainsi, à l'image de Claude Bartolone le 28 août dernier, lorsque le terme "migrant" est utilisé dans la question, les socialistes répondent en utilisant le terme "réfugié" pour justifier leur position d'accueil de ces derniers. 

Si Marine Le Pen a saisi la nuance, elle prône les mêmes solutions pour les deux, notamment pour les réfugiés syriens qui, selon elle, ne sont pas persécutés par le régime de Bachar el-Assad. Quant à Nadine Morano, c'est simple : les réfugiés doivent rester dans leur pays pour se battre





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