Rudolph Granier : "La France a peur de l’Europe"

Publié à 15h51, le 10 août 2012 , Modifié à 16h40, le 10 août 2012

Rudolph Granier : "La France a peur de l’Europe"
Rudolph Granier avec Nathalie Kosciuscko-Morizet. (DR)

Le Lab poursuit sa série consacrée aux jeunes politiques à suivre dans les prochaines années, à l’UMP et au PS. Dixième volet, côté UMP, avec Rudolph Granier.

A 33 ans, le président de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP), est un soutien convaincu de Nathalie Kosciusko-Morizet dans la course à la présidence de l’UMP. Il est à la tête d’une organisation de jeunes gaullistes, mais pour lui, la France n’est pas encore assez européenne.

Rudolph Granier estime qu’il existe une crainte du fédéralisme. Il reconnaît par ailleurs avoir souhaité "sortir de la politique pour voir autre chose", mais n’a pu laisser tomber, "toucher par ce virus". En novembre, il soutiendra probablement la motion du Rassemblement gaulliste de Roger Karoutchi en vue du congrès de l’UMP.
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  1. "Autant aller au café du commerce que de créer un blog"

    • Quel est votre parcours ?

    Après un bac ES, je suis entré en hypokhâgne en 1999 à Clermont-Ferrand. J’y ai fait toute ma scolarité. Je suis rentré dans un IUP en 2002 (institut universitaire professionnalisé), qui est une université qui oblige de faire un stage d’insertion professionnelle. J’y ai obtenu une maîtrise de droit public. J’ai fait un stage au parlement européen avec Brice Hortefeux, qui était à l’époque secrétaire départemental de la fédération RPR du Puy-de-Dôme. J’ai fait sa rencontre quand j’étais délégué départemental à la Jeunesse (DDJ) dans le Puy-de-Dôme en 2001.

    J’ai pris ma carte d’adhérent au RPR en 1997 lors des législatives, pour empêcher la chute du gouvernement de Jacques Chirac. En 1999, j’ai été délégué du candidat François Fillon à la présidence du RPR. En 2002 je deviens secrétaire international des Jeunes RPR. J’ai pu à travers cette nomination lancer la même année "l’appel des jeunes européens avec Chirac" lors de sa campagne présidentielle. En tant que responsable jeune, le débat sur l’Europe est très important. On ne peut pas s’exonérer de cette Europe. Je trouve qu’on n'est pas assez européen en France. L’Europe est une chance, mais ici, on a peur de ce fédéralisme.

    De 2002 à 2007 j’ai été directeur du cabinet du maire de Montmorency (Val-d’Oise), François Longchambon, puis du député-maire de Lons-le-Saunier (Jura), Jacques Pélissard. Je suis sorti de la politique pour voir autre chose, pour avoir plusieurs cordes à mon arc, notamment dans le privé. Je suis devenu manager dans un cabinet de conseil. Mais j’ai constaté que j’avais attrapé le virus de la politique. Même si je travaille toujours dans la privé, je ne peux pas lâcher la politique.

    En 2010, je voulais savoir ce qu’était devenue l’UJP (Union des Jeunes pour le Progrès), qui est un mouvement de jeunes gaullistes pour qui j’avais beaucoup de considération. Après une longue discussion avec Jean-Marie Caillaud, qui était l’ancien président de l’UJP de 2000 à 2004, je me suis dis que ce mouvement était à présent un joli magasin à l’extérieur avec tout à refaire à l’intérieur. Je décide donc de me présenter lors d’une réunion publique à la présidence de l’UJP en 2010, dont je suis élu président la même année.

    • Pourquoi avez-vous décidé de faire de la politique ?

    J’ai toujours souhaité me tourner vers les autres. Plus jeune, j’étais conseiller municipal des jeunes et je voulais voir comment on gère une ville, comment on gère la vie de la cité. Tous mes proches ont évidemment contribué à ça, mon grand-père était adjoint d’une commune, mon beau-père maire d’une commune, donc tout cela m’a donné envie de faire de la politique.

    • Avez-vous un mentor en politique ?

    Un mentor non mais des personnes que je respecte beaucoup oui. Je me reconnais beaucoup dans le discours de Nathalie Kosciusko-Morizet. Nous avons beaucoup de choses en commun notamment le combat des extrêmes. Elle fait partie de cette nouvelle génération qui a cet esprit de campagne. C’est pour ça que je lui ai apporté mon parrainage pour la présidence de l’UMP. C’est une gaulliste moderne. Après, il y a Alain Juppé que je considère beaucoup, et François Fillon, qui a cette sérénité importante.

    • Pour vous, c'est quoi être de droite ?

    J’ai une difficulté à définir cette notion "c’est quoi être de droite". Charles Pasqua disait : "Si la justice sociale c’est d’être de gauche, alors je suis de gauche. Si l’ordre et l’autorité c’est être de droite, alors je suis de droite." Je pense que c’est difficile d’être de gauche étant donné que je suis gaulliste. Être de droite, c’est mettre l’humain au cœur de tous les sujets. Pour la gauche, la somme des individus est de l’ordre de l’intérêt général. Être de droite, c’est mettre le collectif en avant, qui est toujours le plus fort.

    • Quelle est votre présence numérique ?

    J’utilise officiellement le compte Twitter de l’UJP où je tweete moi-même, mais pas pour tweeter des choses personnelles. J’ai aussi un compte Twitter à mon nom, que je n’utilise pas du tout, mais où j’ai bloqué mon nom. Twitter je trouve ça drôle mais je me méfie de la réactivité. En 140 caractères on peut se déclarer candidat à l’élection présidentielle, je trouve ça fou.

    Je suis aussi sur Facebook, où j’ai un mélange d’amis proches et d’amis politiques. Sur les réseaux sociaux j’essaie au maximum de répondre aux sollicitations des internautes. Mais je suis aussi spectateur des débats, je laisse les militants faire.

    Je ne souhaite pas créer un blog car je n’en vois pas le but. Si j’ai envie d’aller au café du commerce autant y aller directement que créer un blog.

    • Où vous voyez-vous dans 15 ans ?

    Je serai toujours utile pour mon pays. Mais si je devais viser un poste, je pense que devenir commissaire européen m’intéresserait fortement. Il existe une autre façon de faire de la politique à Bruxelles, un espace beaucoup plus important pour la confrontation des cultures.

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