Rupture entre Sarkozy et les corps intermédiaires ?

Publié à 11h18, le 21 février 2012 , Modifié à 16h51, le 21 février 2012

Rupture entre Sarkozy et les corps intermédiaires ?
Nicolas Sarkozy à Annecy, le 16 février 2012 (Reuters)

"Tout le monde veut parler à la place du peuple" s'époumonait Nicolas Sarkozy lors de son premier meeting à Annecy jeudi 16 février, fustigeant ainsi les "corps intermédiaires" qui font "écran entre le peuple et le gouvernement".

François Chérèque, secrétaire général de la CFDT et invité de Jean-Michel Aphatie sur RTL mardi matin, affirme que Nicolas Sarkozy a une "conception de la démocratie qui n'est pas la mienne. Quand il dit que les corps intermédiaires se mettent entre lui et le peuple, et qu'il veut fonctionner sans avoir de débat (...) c'est une conception de la démocratie qui est autoritaire".

Pourtant, le président n'a pas toujours adopté cette attitude face aux "corps intermédiaires"...

  1. Qui sont ces "corps intermédiaires" ?

    Sur francetv.fr

    Nicolas Sarkozy et les "corps intermédiaires"par lemondefr

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    Les syndicats, les partis, les groupes de pression, les experts, les commentateurs, tout le monde veut parler à la place du peuple sans jamais se soucier de ce que le peuple veut, de ce qu’il pense et de ce qu'il décide. Comme si le peuple n’était pas assez intelligent, pas assez raisonnable.

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    C'est la définition que donne Nicolas Sarkozy des "corps intermédiaires", pendant son discours à Annecy. Mais comme le rappelle Francetvinfo , "on peut distinguer trois types de corps intermédiaires" :

    • les organisations politico-sociales (partis politiques, syndicats, patronat)
    • les organisations professionnelles sectorielles (chambres de commerce, chambres d'agriculture, ordre des avocats, ordre des notaires...)
    • et les associations. Une liste à laquelle on peut ajouter les journalistes, qui jouent un rôle de médiation entre la société civile et les dirigeants.
  2. "Une conception autoritaire de la démocratie"

    Sur rtl.fr

    François Chérèque, secrétaire général de la CFDT...par rtl-fr

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    Nicolas Sarkozy a une conception de la démocratie qui n'est pas la mienne. Quand il dit que les corps intermédiaires se mettent entre lui et le peuple, et qu'il veut fonctionner sans avoir de débat (...) c'est une conception de la démocratie qui est autoritaire

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    "Nous nous opposerons à ce mode de démocratie que veut nous imposer Nicolas Sarkozy. Pourquoi autant de violence ? Je crois que je suis inquiet sur une démarche autoritaire que veut nous imposer Nicolas Sarkozy, qui n'est pas le modèle de démocratie que souhaite la CFDT", ajoute François Chérèque, mardi matin au micro de Jean-Michel Aphatie sur RTL.

    Même dans le camp UMP, cette prise de position n'est pas partagée. L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a ainsi pris ses distances : "Ne désignons pas les corps intermédiaires comme des boucs émissaires. Une société a aussi besoin d'une charpente (...) et les corps intermédiaires y contribuent. Il ne faut pas accuser les collectivités territoriales pour la décentralisation, les syndicats pour le dialogue social, les associations pour la vie civile. (...) Je pense que les corps intermédiaires sont indispensables à la bonne santé de la République."

  3. "Le candidat des contradictions"

    Sur harlem-desir.fr

    Sur son blog , Harlem Désir, le numéro deux du PS, assure lundi que :

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    Dans sa campagne démagogique, Nicolas Sarkozy est prêt à raconter n’importe quoi, surtout le contraire de ce qu’il disait hier. Les attaques de Nicolas Sarkozy contre les corps intermédiaires et les partenaires sociaux sont non seulement odieuses mais elles relèvent surtout de la plus pure démagogie:  Sarkozy attaque les corps intermédiaires, hier il promettait de les respecter !

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    Ainsi, dans ses voeux du 17 janvier 2008, Harlem Désir relève que Nicolas Sarkozy affirmait : “Bâtir la confiance, c’est faire confiance à la société civile française, aux associations, aux syndicats, à tous les corps intermédiaires, afin que ces derniers puissent trouver, à leur niveau, les solutions 'gagnant-gagnant' les mieux adaptées à leur situation.”

    Le 18 septembre 2007 , lors du 40e Anniversaire de l’Association des Journalistes de l’Information Sociale, Nicolas Sarkozy déclarait :

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    Je veux vous dire que les partenaires sociaux, et plus généralement les corps intermédiaires, seront écoutés, seront respectés, peut-être plus que cela n’a jamais été le cas. Ma porte leur est toujours ouverte et elle le restera. Je saisis d’ailleurs cette occasion pour dire toute mon estime à ces grands acteurs sociaux

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    Pour Harlem Désir, "ce double discours montre que Nicolas Sarkozy est prêt à toutes les contradictions, pour tromper les Français: comme hier il les a trompés en prétendant respecter les partenaires sociaux, il les trompe aujourd’hui en se présentant comme le candidat du peuple". "Il est surtout le candidat de toutes les contradictions, toutes les démagogies, toutes les amnésies !"

  4. Un revirement en lien avec le rapport Perruchot ?

    Sur lepoint.fr

    Le revirement de Nicolas Sarkozy sur les corps intermédiaires serait-il à relier avec la publication du Point.fr de l'intégralité du rapport Perruchot ?

    Le rapport Perruchot , du nom de Nicolas Perruchot, député Nouveau Centre et rapporteur de la commission d'enquête, a été enterré en novembre 2011. Il visait à "faire la lumière sur les finances encore très opaques des syndicats, tant ouvriers que patronaux". Selon Le Point.fr, le rapport Perruchot dresse :

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    un rapport consternant de la vie syndicale en France. À base de combines et de faux-semblants. Où l'État participe à un jeu de rôle avec des apparatchiks syndicaux qui ne représentent pas grand-chose. La France compte 8 % de syndiqués et huit 'grands' syndicats. Qui ne courent pas derrière les militants et leurs cotisations tellement il est plus facile d'actionner d'autres pompes à fric (parmi lesquelles les comités d'entreprise des sociétés publiques).

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