Le 8 mars dernier, l’ambassadeur du Japon Thierry Dana avait expliqué dans une tribune au Monde qu’il refuserait de "servir" Marine Le pen si elle remportait l’élection présidentielle. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll avaient désapprouvé cette sortie diplomatique . Un mois plus tard, c’est au tour d’un magistrat de se prononcer contre la cheffe frontiste.
Dans une tribune à L’Obs ce jeudi 13 avril, plusieurs hauts fonctionnaires annoncent leur refus de servir le Front national s’il arrive au pouvoir. Ainsi, Serge Portelli, juge et président de la chambre à la cour d'appel de Versailles, explique qu’il "ne servira pas un Etat Front national". Il dit :
"Peut-on rester magistrat si le FN est au pouvoir et que l'Etat de droit est totalement dégradé ? Ma réponse est non. Je ne servirai pas un Etat Front national. Je démissionnerai.
"
Invité ce jeudi sur RMC, il a tenu à préciser sa pensée :
"Rester magistrat dans ces conditions-là me paraît impossible. En effet, je suis entré dans la magistrature en raison d'un attachement viscéral et fondamental aux libertés publiques de la République. Or, je constate que les propositions du FN vont à l'encontre des valeurs républicaines pour lesquelles je suis entré au service de l'Etat, dans un service public aussi magnifique qu'est la justice. Donc pour moi c'est très clair : si le Front national vient au pouvoir, je ne serais plus magistrat, je démissionnerais de mes fonctions.
"
Et il n’est pas le seul magistrat à exprimer des inquiétudes en cas de victoire du FN le 7 mai prochain. "Il y aura une purge", assure Arno Klarsfeld, avocat et conseiller d'État à L’Obs. "Tous les régimes d'extrême droite l'ont fait et ont apporté le malheur aux peuples. Je me prononce ici en tant qu'avocat. Je serai un bouc émissaire. Il faudra que je m'en aille".
Toujours selon l’hebdomadaire, un mail circulerait "actuellement chez plusieurs hauts fonctionnaires qui souhaiteraient partager publiquement leurs inquiétudes face à l’éventualité d’une arrivée au pouvoir du Front national".