Seybah Dagoma : "Beaucoup de personnes sont actives en ligne mais peu sur le vrai terrain"

Publié à 16h52, le 08 août 2012 , Modifié à 17h07, le 08 août 2012

Seybah Dagoma : "Beaucoup de personnes sont actives en ligne mais peu sur le vrai terrain"
(Maxppp)

Le Lab continue sa série d’été sur les jeunes politiques à suivre dans les prochaines années, à l’UMP et au PS. Septième volet du côté du Parti socialiste, avec Seybah Dagoma.
A 34 ans, cette députée née de parents tchadiens a bientôt 20 ans d'engagement. Elle a débuté à 15 ans avec du bénévolat dans une association de soutien scolaire, à Sarcelles. Depuis, elle a participé à la fondation du think-tank Terra-Nova, a été élue au conseil de Paris et plus récemment, elle s'est révélée en devenant députée de la 5e circonscription de Paris. 

Active sur le numérique, elle considère néanmoins "qu’il ne faut pas confondre terrain numérique et terrain de la vie réelle" et fustige les personnes "qui sont très actives sur les réseaux sociaux mais peu sur le vrai terrain".

A lire aussi, le précédent volet de la série : 

> Nicolas Bays : "La phobie de la mort m'a incité à m'engager en politique "

> Razzy Hammadi : "Une personnalité m'a marqué : Pierre Mendès-France "

> Myriam El Khomri : "J'ai beaucoup d'estime pour Daniel Vaillant et Bertrand Delanoë "

> Thierry Marchal-Beck : "Benoît Hamon incarne la gauche offensive et décomplexée

> Axelle Lemaire : "Je ne suis pas sûre que ce soit sain de faire trois mandats d'affilée "

> Bruno Julliard : "Je me passerai sans problème de la politique "

> Olivier Dussopt : "Derrière la situation familiale, il y a une situation sociale "

 

  1. "Je n’ai pas eu besoin d'une révélation pour prendre ma carte du PS"

    • > Quel est votre parcours ?

    Mon parcours militant commence au lycée, en 1993. A l'époque, j'ai effectué du soutien scolaire dans une association d’insertion qui s’appelait France Espoir, à Sarcelles dans le Val-d’Oise. En 2001, je rentre à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, où j’obtiens un DEA de droit des affaires et de l’économie. Ensuite, j'ai obtenu un master en financement de projets-financements structurés à l’Ecole nationale des ponts et chaussés, à Paris.

    Pendant une dizaine d’années, de 1995 à 2005, j’ai milité aux côtés du Parti socialiste sans prendre ma carte. Je ne souhaitais pas entrer au MJS (Mouvement des jeunes socialistes) ou au PS, car ce n’était pas ma culture politique d'appartenir à un parti. Je ne voulais pas en faire un métier.

    Entre 2003 à 2004, j'ai fait partie du think tank "A Gauche en Europe", dont les membres fondateurs sont Dominique Strauss-Kahn, Pierre Moscovici ou encore Michel Rocard. C'est là que j'ai rencontré de nombreuses personnes comme Matthias Fekl ou Olivier Ferrand, avec qui j'ai noué des liens d'amitié. Nous avons d'ailleurs avancé ensemble au fil des années, avons été élus députés au même moment ...

    J’ai décidé de prendre ma carte au Parti socialiste en 2005 car je pensais que c’était le moment. Je me considérais comme mûre. La même année j'ai passé le CAPA pour devenir avocate spécialisée dans les entreprises en difficulté dans un cabinet américain, Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP.

    En 2008, j’intègre l’équipe de Bertrand Delanoë en tant que tête de liste du 1er arrondissement aux élections municipales. Je deviens conseillère de Paris et adjointe chargée de l’économie sociale et solidaire. Puis je décide de me présenter aux législatives de 2012 dans la 5e circonscription de Paris, où je suis élue députée. J'ai donc démissionné de mon poste d’adjointe au maire de Paris.

    • > Pourquoi avez-vous décidé de faire de la politique?

    Mon engagement est né à Sarcelles dès lors que j’ai commencé à travailler avec des élèves dans l’association France Espoir. Les inégalités sociales m'ont sautées aux yeux. Je voulais changer les choses, m'engager socialement, lutter contre les inégalités. Je voulais changer l’éducation et mettre en place la thèse de Dominique Strauss-Kahn sur l’égalité réelle. J’ai décidé de faire de la politique pour que tous les talents de notre société puissent se révéler.

    • > Avez-vous un mentor en politique ?

    Un mentor non mais des personnes que je considère beaucoup oui. Comme Stéphane Pietin, qui est maintenant directeur du cabinet de Jean-Pierre Jouyet, et qui m’a donné de bons conseils professionnels, notamment lorsque je suis devenue avocate.

    Parmi les figures politiques, j'apprécie la vision de Dominique Strauss-Kahn sur l’égalité réelle. Et Bertrand Delanoë, avec qui j'ai travaillé au Conseil de Paris, pour sa rigueur et sa créativité.

    • > Pour vous, c’est quoi être de gauche ?

    Etre de gauche c’est essayer d’améliorer le monde et non pas tenter de s’y adapter comme le fait la droite. Par ailleurs, être de gauche c’est avoir le sens du collectif alors que la droite possède un culte du chef.

    • > Quelle est votre présence numérique ?

    Il ne faut pas confondre terrain numérique et terrain de la vie réelle. Certes il faut diversifier les moyens pour communiquer avec les citoyens mais il faut faire attention à comment s’y prendre selon les outils. Beaucoup de personnes sont très actives sur les réseaux sociaux mais peu sur le vrai terrain. J’ai un compte Twitter , une page Facebook et un blog . Je ne réponds pas aux polémiques mais je considère qu’il faut vivre avec son temps dans la façon d’échanger, qui se fait donc aussi sur le numérique.

    • > Où vous voyez-vous dans 15 ans ?

    Pour le moment, je veux me consacrer entièrement à ma circonscription et à ses habitants. Ma réalité, c'est d'être élue de Paris. Pour la suite, je n’ai pas vraiment de plan de carrière. Je ne souhaite pas me projeter et demain est un autre jour.

     

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