Sommet social : et si Hollande était à l’Elysée ?

Publié à 14h12, le 17 janvier 2012 , Modifié à 08h25, le 18 janvier 2012

Sommet social : et si Hollande était à l’Elysée ?
François Hollande et Bernard Thibault, en septembre 2006, au siège du Parti socialiste. (Maxppp)

Mercredi, Nicolas Sarkozy convie patronat et syndicats à un sommet social afin de lutter contre la montée du chômage. Le Lab s'est amusé à imaginer comment se déroulerait ce même sommet avec François Hollande en locataire de l'Elysée.

Le Lab remercie Bruno Jérôme, maître de conférence en économie à Paris II. Un sujet réalisé avec l'aide de Nicolas Chacun.

  1. Sur la TVA sociale

    Sur France Info

    Proposition : L’Elysée veut faire baisser le coût du travail, en allégeant les charges sociales, et compenser le manque à gagner en augmentant la TVA (de deux points croit savoir le JDD). Les syndicats bondissent à l’évocation d’une telle mesure jugée injuste et inefficace.

    Que dirait François Hollande ? La TVA sociale n'a de social que le nom selon les socialistes. S’il est élu, François Hollande promet d’abroger cette mesure qu’il juge "mauvaise".

    L’avis de l’expert : Bruno Jérôme a fait le calcul : pour un smicard, la TVA sociale devrait ajouter 480 euros par an au prix de ses courses. D’autre part, si la France décide de taxer davantage les produits importés, il est possible que nos partenaires commerciaux décident, par mesure de représailles, de moins acheter français.

  2. Sur le chômage partiel

    Sur Challenge.fr

    La proposition : Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? La CGT souhaite voir mis en place un seul dispositif alternatif aux licenciements qui regrouperait toutes les mesures de chômage partiel. La réglementation actuelle est très complexe :  

    • Depuis 2009, il est possible d’enchaîner 4 à 6 semaines de chômage partiel. Le plafond annuel à ne pas dépasser est de 800 heures de chômage partiel. 
    • Certaines entreprises, faisant partie des industries textiles ou de l’industrie automobile, ont droit à 1000 heures. Au-delà de 6 semaines, les salariés dont le contrat de travail est suspendu sont considérés comme étant à la recherche d’un emploi. On dit qu’ils sont en chômage partiel total. Ils peuvent donc être admis au bénéfice de l’allocation d’aide de retour à l’emploi versée par Pôle emploi, pendant 182 jours au maximum. 
    • Un salarié en chômage partiel touche 60% de son revenu brut habituel.

    Que dirait François Hollande ? Banco Bernard Thibault ! François Hollande a préconisé mercredi 11 janvier, en inaugurant ses locaux de campagne présidentielle, "des mesures plus simples" sur le chômage partiel permettant aux salariés menacés de "garder leur emploi" dans une conjoncture économique défavorable.

    L'avis de l'expert : Selon Bruno Jérôme, si le chômage partiel permet effectivement d'émpêcher les licenciements "secs", il est en revanche très difficile à financer :

    • 85% des entreprises françaises sont des PME pour lesquelles il est difficile, en cas de difficultés financières, d'assurer 60% du salaire des employés placés en chômage partiel.
    •  L'Etat, plombé par sa dette, n'a lui, que peu de marges de manoeuvre.
  3. Sur le contrôle des aides aux entreprises

    Sur L'Expansion

    La proposition : Pas de bras, pas de chocolat. La CGT propose d'accroître le contrôle des aides et exonérations sociales aux entreprises en vérifiant si elles agissent réellement pour l'emploi. En clair : pas de création d'emplois, pas d'exonérations de charge.

    Que dirait François Hollande ? Ni oui ni non. Le contrat de génération proposé par le candidat socialiste est certes conforme a la proposition de la CGT : il s'agit d'exonorer de charges les entreprises de moins de 50 salariés qui embauchent des jeunes et des seniors en CDI. Toutefois, François Hollande ne prévoit pas de remise à plat généralisée des exonérations de charges, comme le préconise la CGT.  

    L'avis de l'expert : C'est un pari risqué. Les charges qui pèsent sur les entreprises françaises sont déjà très lourdes. Les exonérations existantes permettent ainsi de favoriser l'implantation en France des entreprises étrangères. Elles permettent également aux entreprises françaises de mieux faire face à la concurrence internaitonale et au risque de délocalisation.

  4. Sur le pacte de compétitivité

    Sur Le Parisien

    La proposition : L'Elysée entend proposer aux syndicats mercredi ce qu'il appelle un "pacte de compétitivité". Le deal : travailler moins pour gagner moins mais avec l'assurance pour le salarié de conserver son emploi quand son entreprise traverse une mauvaise passe. La CGT rejette en bloc, alors que la CFDT préférerait attendre l'après-présidentielle pour négocier ce point.

    Que dirait François Hollande ? Le candidat socialiste est, selon nos informations, sur la même ligne que la CGT quant au pacte de compétitivité : non, non, et non. "Le gouvernement argumente qu'une mesure similaire existe déjà en Allemagne, explique Marisol Touraine, chargée du social dans la campagne de François Hollande. Mais en Allemagne, les syndicats sont très forts et participent à toutes les décisions d'entreprises. Il y a une contrepartie !"

    L'avis de l'expert : Le pacte de compétitivité tel que l’entend le gouvernement est une mesure qui peut avoir des effets bénéfiques si elle est utilisée avec parcimonie. Le danger est de ne pas faire revenir assez vite les salariés à un rythme normal de travail. Or, dès lors que l’entreprise va mieux, il est capital de remettre tout le monde au travail afin d'améliorer la production et donc les profits.

  5. Sur la taxation des heures supplémentaires

    Sur Touspourhollande.fr

    Proposition : Les syndicats veulent supprimer les exonérations fiscales et sociales sur les heures supplémentaires instaurées par la loi Tepa de 2007. Alors que le pays compte près de trois millions de chômeurs, les centrales pointent le coût de cette mesure hautement polémqiue depuis le début du quinquennat : 3 milliards d'euros.

    Que dirait François Hollande ? Good idea ! François Hollande a fait savoir dès la campagne de la primaire qu’il était en faveur de l’abandon de toutes les mesures fiscales instaurées par Nicolas Sarkozy dont l'exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires.

    L'avis de l'expert : Les classes moyennes supérieures sont la tranche de la population à faire le plus d’heures supplémentaires. Elles gagneront donc moins d’argent si elles sont imposées sur ces heures. Les cadres souffriront donc d’un déficit de pouvoir d’achat.

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