Taxation des œuvres d’art : les riches mécènes de gauche montent au créneau

Publié à 12h10, le 13 octobre 2012 , Modifié à 12h11, le 13 octobre 2012

Taxation des œuvres d’art : les riches mécènes de gauche montent au créneau
Vente aux enchères de Sotheby's (Reuters)

LOBBYING – Alors que le gouvernement est divisé sur la taxation des œuvres d’art et qu’un amendement a pourtant été adopté en ce sens en commission des finances, politiques et mécènes de gauche font entendre leur voix pour que cette mesure ne voit pas le jour.

 

  1. "Je compte sur la pertinence de Hollande pour dissuader le Parlement"

    C’est le grand pataquès dans la majorité sur la taxation des œuvres d’art. Et si Jérôme Cahuzac et Aurélie Filippetti ont retourné leur veste sur la question, la commission des finances de l’Assemblée nationale a adopté un amendement prévoyant l’intégration des œuvres d’art d’une valeur supérieure à 50 000€ dans l’assiette de l’ISF.

    Une décision qui déplait aux mécènes de gauche proche de l’exécutif ainsi qu’à plusieurs figures politiques. D’après le Figaro du vendredi 13 octobre, les uns et les autres tentent de convaincre François Hollande et Jean-Marc Ayrault – a priori acquis à leur cause - de faire machine arrière.

    La pression des mécènes :

    Jérôme Clément, ancien patron d’Arte et président de la société de vente Piasa, explique ainsi au Figaro pourquoi cet amendement ne doit pas passer :

    Ce projet me paraît techniquement inapplicable et politiquement absurde vis-à-vis des anglo-saxons et de Hongkong.

    La France a une image culturelle forte, mais une telle mesure, faussant la concurrence, tuerait son marché de l’art.

    Pierre Bergé, proche de François Hollande, se montre quant à lui inquiet par ce projet :

    Ce qui m’inquiète le plus, c’est que cette mesure va freiner les legs, les donations et les dations. […]

    Si les Français n’achètent plus, ils ne donneront plus non plus. L’Etat sera largement perdant. 

    Et comment mettre en place cette mesure ? L’évaluation des œuvres d’art est impossible.

    Et le mécène de renchérir, renvoyant à la lucidité du chef de l’Etat pour faire valoir ce point de vue auprès des parlementaires :

    Je compte sur la pertinence de François Hollande pour dissuader le Parlement.

    Du côté des politiques...

    ... il y a division. Rapporteur général du Budget, Christian Eckert,à l’origine de l’amendement controversé, compte tenir bon et affirme être soutenu par plusieurs députés qui lui ont demandé de "tenir bon" :

    Cet amendement n’est plus le mien, puisqu’il a été adopté en commission des finances.

    Je suis loin d’être convaincu qu’il sera repoussé en séance publique.

    Rien n’est pourtant moins sûr. Jean-Jacques Allaigon, ancien ministre de la Culture et actuel conseiller en art du groupe Artémis, a tiré la sonnette d’alarme, confie-t-il au Figaro, et amorcé une démarche de lobbying :

    J’ai pris contact avec de nombreux députés pour leur exposer les terribles impacts de cette mesure sur le rayonnement culturel de la France.

    Je ne cesse d’ameuter l’opinion parlementaire sur le caractère dramatique de cette mesure.

    Un lobbying dans lequel l’ancien ministre UMP qui a soutenu François Hollande pour la présidentielle est rejoint par un autre ancien titulaire du maroquin de la Culture, Jack Lang :

    C’est une faute, une erreur. J’espère que cela va être vite réparé.

    Cela fait trente ans que je plaide pour que l’art n’entre pas dans l’assiette de l’ISF.

     
    Quant à Laurent Fabius, amateur d'art et "fils d'un très grand antiquaire parisien dont la fortune familiale avait été bâtie sur le commerce des oeuvres d'art", dixit Le Figaro, son cabinet esquive :
     
     

    Laurent Fabius est dans une position délicate pour répondre à la suppression d'un privilège vieux de plus de trente ans.

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