Xavier Bertrand: "Si la gauche l'emporte, il y aura légalisation du cannabis"

Publié à 09h24, le 06 juin 2012 , Modifié à 09h56, le 06 juin 2012

Xavier Bertrand: "Si la gauche l'emporte, il y aura légalisation du cannabis"
Xavier Bertrand sur BFMTV le 6 juin 2012 (Capture d'écran)

Et Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé, brandit la menace "cannabis". Après la prise de position de Cécile Duflot sur sa dépénalisation, l'UMP a rapidement dénoncé la "cacophonie" du gouvernement Ayrault.

Au deuxième jour de la polémique, Xavier Bertrand la transforme en enjeu électoral: "Je le dis très solennellement: si la gauche l'emporte [aux législatives], il y aura légalisation du cannabis".

  1. [Jour 2] C'est l'UMP ou le cannabis

    Sur bfmtv.com

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    Si la gauche l’emporte, il y aura légalisation du cannabis.

    Ce que Cécile Duflot a redit c’est sa conviction profonde mais n’oublions pas que les écologistes seront un groupe charnière à l’Assemblée nationale et que si le Parti socialiste veut faire passer des réformes, il faudra bien qu’ils marchandent et le prix à payer sera la légalisation.

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    Le cannabis, nouvel enjeu électoral. C'est en tout cas dans ce sens que le présente Xavier Bertrand ce mercredi 6 juin sur BFMTV. La veille, sur le même plateau, Cécile Duflot s'est prononcée - en tant que secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts et non comme ministre - en faveur de la dépénalisation de la consommation de cannabis.

    L'UMP a tout d'abord réagit par le biais d'un communiqué, dénonçant la "cacophonie" du gouvernement. Xavier Bertrand, lui, préfère l'utiliser comme argument électoral. En substance, c'est l'UMP ou le cannabis. Partant du principe qu'Europe Ecologie-Les Verts sera présent à l'Assemblée nationale, il assure que la dépénalisation deviendra un moyen de pression pour le parti.

    Xavier Bertrand utilise d'ailleurs le terme de "légalisation", qui revient à autoriser la vente de cannabis, là où EELV parle de "dépénalisation de la consommation", situation où le produit reste illégal et où les trafiquants sont toujours condamnables.

    Au lendemain de la "journée polémique" - et juste avant l'intervention de Xavier Bertrand - Cécile Duflot s'est en tout cas fendue d'un tweet matinal :

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    Je me demande quelle nouvelle polémique stupide l'UMP tendance lourdauds va tenter de créer pour la journée.... ? #carambaencoreraté

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    La veille au soir, la ministre du logement a rappelé sur Canal Plus qu'elle s'était exprimée au nom du parti et que la position du gouvernement Ayrault est différente:

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    La position du gouvernement est celle qu'a rappelé Jean-Marc Ayrault, celle de François Hollande pendant la campagne : non, le gouvernement n'est pas pour la dépénalisation.

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  2. [12h] Et Ayrault finit par recadrer ...

    Sur publicsenat.fr

    Il a d'abord fait comme si de rien n'était.

    En arrivant au Sénat, où il participait à la réunion du groupe PS, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a, selon le récit que fait le site internet de Public Sénat de la scène ,"préféré rire" de la question qui lui était posée au sujet de la déclaration de sa ministre :

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    "Il n’y a d’ailleurs pas répondu et a préféré sourire et même en rire"

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    Oui mais voilà, une grosse heure plus tard, à la sortie de la réunion, et devant l'insistance des journalistes, le premier ministre a fini par intervenir. Et a lâché :

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    "Le gouvernement n’a rien dit sur ce sujet"

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    Manière de rappeler que les propos de Cécile Duflot n'engagent qu'elle ... mais aussi que les accusations de cacophonie sont, pour l'instant, infondées.

  3. [11h] L'UMP s'engouffre dans la brèche

    Sur u-m-p.org

    Aussitôt prononcé, aussitôt critiqué. Le secrétaire national de l'UMP Bruno Beschizza s'est fendu d'un communiqué pour "dénoncer la cacophonie dans le gouvernement Ayrault".

    Il dit ne pas comprendre les différentes annonces des ministres sur le cannabis:

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    Ce matin Cécile Duflot a défendu la dépénalisation du cannabis. (...) Hier, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur du gouvernement Ayrault, s'est lui déclaré hostile.

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    Manuel Valls n'a pourtant pas fait de déclaration sur le sujet depuis sa nomination. Ses prises de position datent de la primaire socialiste où il s'était prononcé fermement contre la dépénalisation.

    Contacté par Le Lab, Bruno Beschizza précise sa pensée. Selon lui, puisque Manuel Valls n'a pas déjà lancé la dépénalisation du cannabis, c'est qu'il est contre.

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    Durant ses 15 premiers jours au ministère, il n'a pas lancé de signe aux entités judiciaires pour modifier la loi en ce sens.

    A partir du moment où il n'a rien dit, c'est qu'il y a continuum sur cette question.

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    Le 20 avril, François Hollande, alors candidat, s'était également positionné contre une transformation du délit en simple contravention .

    Depuis, le gouvernement ne s'est pas exprimé officiellement sur le sujet mais Bruno Beschizza dénonce une "ambiguïté" gouvernementale:

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    Si Jean-Marc Ayrault ne tranche pas pour mettre fin à ces ambiguïtés, ce sera alors une véritable imposture pour nos compatriotes qui avaient entendu le candidat François Hollande s'engager contre la dépénalisation du cannabis.

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    Eric Ciotti, député UMP et spécialiste de la sécurité Eric Ciotti a aussi dénoncé dans un communiqué "le double langage" de la gauche. Il a qualifié les propos de Cécile Duflot d'"irresponsables et démagogiques".

    Invitée de BFMTV ce 5 juin, Cécile Duflot avait pris soin de préciser qu'elle s'exprimait en tant que secrétaire nationale d'EELV et non comme ministre.

  4. [8h30] "Là, je suis secrétaire nationale d'EELV"

    Sur bfmtv.com

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    Je sais que ce n’est pas la position du gouvernement mais là, je suis la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts. Je dis quelle est notre position et elle est très pragmatique,  très posée et responsable. 

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    Favorable depuis longtemps à la dépénalisation du cannabis, Cécile Duflot ne renie pas ses positions maintenant qu'elle est ministre. Et pour prendre ses aises avec sa liberté de parole, elle fait la distinction entre la ministre Duflot et la secrétaire nationale de parti Duflot.

    Interrogée sur le sujet sur BFMTV ce mardi 5 juin, elle a donc réitéré la volonté d'EELV de dépénaliser le cannabis dans le cadre d'une "politique de santé publique":

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    L’objectif est double: faire baisser le trafic et la violence et avoir une politique de santé publique. Il faut considérer que le cannabis, c’est comme l’alcool et le tabac, même régime. (...)

    En France, les jeunes fument davantage de cannabis qu’aux Pays-Bas par exemple parce qu'on ne peut pas avoir de politique de prévention.

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    Quelques heures plus tard, lors d'une réunion du groupe PS au Sénat, Jean-Marc est interrogé sur cette prise de position. Selon le journaliste de Public Sénat, François Vignal , le Premier ministre a "préféré en sourire". Il le rapporte sur Twitter:

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    Interrogé sur Cécile Duflot qui a défendu de nouveau la dépénalisation du cannabis, Jean-Marc Ayrault ne répond pas et préfère en sourire.

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