RELATION ÉPISTOLAIRE - Répondre à un "people" est parfois plus efficace qu'une conférence de presse. Afin de sensibiliser aux dangers du tabac, Marisol Touraine a diffusé sur son blog le 12 mai une lettre ouverte à l'acteur Nicolas Bedos. Lui-même avait profité de sa chronique dans Elle quelques jours plus tôt pour s'adresser à la ministre de la Santé et faire valoir son droit à fumer lorsqu'il le souhaitait [une chronique diffusée par exemple ici].
Marisol Touraine utilise donc le même ton pour faire passer son message de prévention :
La cigarette, expliquez-vous aux lecteurs de Elle, est la condition de la liberté, l’acte ultime de résistance des libertaires de la capitale, le dernier bastion du "laissez-moi faire". Lorsque vous fumez en vagabondant dans les rues de Paris, vous goûtez au plaisir de réciter quelques vers de Baudelaire. Assis dans un bistrot parisien, clope au bec, vous aimez songer aux pérégrinations féériques décrites par Kessel et au transsibérien de Cendrars. A vous lire, comment résister à cette invitation au voyage ?
Mais la finesse de votre plume ne doit pas masquer une réalité bien plus tragique.
Et la ministre de rappeler les 73.000 morts causées chaque année en France par la cigarette : "Ma mission c'est de dire, de répéter, de rabâcher même (...) : le tabac tue, light ou pas."
La ministre rappelle également être favorable à la cigarette électronique "sans réserve, lorsqu'elle peut aider à en finir avec le tabac", mais refuse de l'autoriser dans les lieux publics car cela "permettrait la réhabilitation d'un geste qui n'a plus lieu d'être".
Concluant sur le ton de l'humour, Marisol Touraine fait référence au GIGN que Nicolas Bedos craint de voir débarquer "sur la plage, le long de la Promenade des Anglais ou le long d'un ruisseau du bois de Boulogne" pour le forcer à éteindre sa cigarette :
Vous vous faites aussi pessimiste que Cioran, cher Nicolas Bedos. Soyez rassuré : je n’enverrai ni le GIGN, ni la Garde nationale, ni l’armée tout entière pour vous traquer dans le bois de Boulogne. Mais je ne me tairai pas dans la guerre contre le tabac.
Sans oublier un soupçon de brosse à reluire en guise de point final :
Je ne cesserai jamais de rappeler, à vous et à tous les fumeurs, qu’à chaque bouffée inhalée, vous perdez de précieux moments d’une vie dont, chaque semaine, vous nous rappelez avec talent dans vos chroniques qu’elle vaut mille fois la peine d’être vécue.