Jean-Marc Ayrault : "Ce vote est une défaite pour le gouvernement et la majorité"

Publié à 22h03, le 30 mars 2014 , Modifié à 23h35, le 30 mars 2014

Jean-Marc Ayrault : "Ce vote est une défaite pour le gouvernement et la majorité"

Jean-Marc Ayrault a reconnu, dimanche 30 mars, au cours d'une déclaration solennelle depuis l'hôtel de Matignon, une "une défaite pour le gouvernement et la majorité".

Les électeurs de François Hollande en 2012 sont absents, juge Jean-Marc Ayrault :

(Ces élections) ont été marquées par la désaffection significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012. (Elles sont) l'occasion pour les citoyens d'adresser un message. Ce message est clair, il doit être pleinement entendu.

Le premier ministre a recommandé une équipe gouvernementale "efficace et soudée", réclamant par ailleurs une "majorité rassemblée", assurant que le président de la République tirerait "les enseignements de ce scrutin".

Voici la déclaration de Jean-Marc Ayrault résumée en une image, et en intégralité :

Mes chers compatriotes,
 
Ce soir est un moment de vérité et je le dis sans détour. Ce vote tant au plan local qu’au plan national est une défaite pour le gouvernement et pour la majorité. Le niveau d’abstention record au premier comme au second tour est marqué par la désaffection d’une part significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012. Je félicite ceux qui ont été élus ; j’ai une pensée pour celles et ceux qui n’ont pas été réélus et qui, pendant six ans, ont servi leurs concitoyens avec dévouement.
 
Le choix d’un maire et d’une équipe municipale n’est pas secondaire. Les enjeux locaux sont souvent cruciaux, souvent dans les périodes de crise là où on a besoin d’être protégés, défendus mais les élections intermédiaires sont, nous le savons, l’occasion pour les citoyens d’adresser un message ; ce message est clair, il doit être pleinement entendu. Les Français veulent retrouver la confiance dans leurs responsables politiques et exigent des paroles de vérité. Je pense que nous n’avons pas assez expliqué, que l’action de redressement engagée depuis 2012 était essentielle pour l’avenir de notre pays que la situation de nos finances publiques, de nos entreprises et notamment de notre industrie était particulièrement dégradée et exigeait beaucoup d’efforts et de réformes sous peine de voir la politique de la France dictée par les marchés financiers. Cette responsabilité-là est collective et j’y prends toute ma part. Se retrousser les manches pour sauver notre pays, les Français y sont prêts mais à condition qu’ils comprennent à quoi servent leurs efforts et que ceux-ci soient équitablement partagés. Il faut que le but et le chemin pour y arriver soient fixés plus clairement encore afin de redonner à la France, grande puissance politique, son rôle de leader sur le plan économique en Europe et dans le monde. Dire la vérité, c’est prendre en compte la souffrance et la désespérance d’une partie des Français. Bien sûr, il y a ceux qui réussissent plus insérés, mieux formés, plus confiants dans l’avenir mais il y a aussi une France qui souffre du chômage, de la précarité, des difficultés à se loger, des fins de mois difficiles et de l’insécurité. Je pense en particulier aux jeunes, aux seniors, aux chômeurs de longue durée, aux familles et à ceux qui ont de très petites retraites.
 
Dire la vérité, c’est expliquer pourquoi les peurs et les frustrations accumulées poussent certains à aller chercher les réponses vers les extrêmes, ou sont tentés par le repli sur soi et le rejet du vote et même de la politique. Je le comprends, je le comprends d’autant mieux que j’ai été maire pendant 35 ans, dans une commune de banlieue puis dans une grande ville, confronté au quotidien des Français, dans leur souffrance personnelle ou collective que dans leur capacité à entreprendre, à réaliser, à se mobiliser. Cette France-là pour moi, ce ne sont pas des statistiques ou des chiffres, ce sont des hommes et des femmes, des visages et des réalités humaines que je connais particulièrement bien.
 
Mais mes chers compatriotes, ce soir je voudrais vous dire aussi ma foi dans l’avenir de notre pays. Les réformes que nous avons engagées depuis 2 ans sont sans précédent, elles ont demandé du courage et elles vont – j’en suis convaincu – porter leurs fruits. Pour qu’elles réussissent pleinement, je suis convaincu aussi que nous devons tenir compte de toutes les interrogations, les exigences et mêmes les refus exprimés par le vote de nos concitoyens.
Ensemble, nous pouvons relever le défi de cette crise historique pour préserver le modèle social et républicain français, plus que jamais nous devons faire des choix. C’est pour cela que nous avons engagé plusieurs combats simultanés, celui du redressement de nos comptes publics, celui de la compétitivité de nos entreprises, de la croissance et de l’emploi, grâce au pacte de responsabilité proposé par le président de la République avec les contreparties nécessaires pour les salariés ; celui de la réforme fiscale pour les entreprises et pour les ménages ; celui de la transition énergétique et écologique ; celui aussi de la refondation de notre école et de notre système de formation.
 
Toutes ces réformes seront faites en totale concertation et, en particulier, avec les partenaires sociaux. Tout est lié, tout doit être mené de front, mais à une condition et à une seule, la justice sociale. Pour répondre à de tels défis, nous avons besoin d’une équipe gouvernementale efficace et soudée, et d’une majorité rassemblée. Voilà ce qui, selon moi, doit désormais déterminer les choix et l’action du gouvernement. J’ai conscience que ces choix sont difficiles et exigeants, mais ils répondent à l’intérêt général du pays. Ce sont mes convictions, elles sont désintéressées, quelles que soient les difficultés, j’agis avec détermination, passion et responsabilité.
 
Le président de la République tirera les enseignements de ce scrutin, et il le fera dans l’intérêt de la France. Ce soir, c’est bien l’intérêt de la France qui doit être la préoccupation de chacune et de chacun d’entre nous.

Du rab sur le Lab

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