COURTOISIE RÉPUBLICAINE - C'est par cette expression que Julien Dray justifie le changement de version de Jean-Pierre Jouyet à propos de son déjeuner avec François Fillon. Invité de RTL ce 11 novembre, le conseiller régional socialiste, proche de François Hollande, dit comprendre le démenti de démenti opéré par le secrétaire général de l'Elysée :
Non il n’a pas menti. Il a fait la chose suivante : un Premier ministre demande à rencontrer le secrétaire général de l’Elysée. Il le rencontre parce que la démocratie c’est aussi le fait qu’on se parle, c’est pas la guerre civile. Il essaye de couvrir la relation qu’ils ont, couvrir dans le sens où il ne la révèle pas comme ça. Et dans un premier temps il fait une dénégation, et puis après il se rend compte qu’il y a un enregistrement. (...)
Je pense qu’il a voulu protéger la nature de l’échange qu’ils avaient eu, ce qui s’appelle la courtoisie républicaine, et puis après il a été obligé d’assumer la réalité des choses.
Lorsque les journalistes Gérard Darvet et Fabrice Lhomme révèlent que Jean-Pierre Jouyet et François Fillon se sont rencontrés en juin et ont évoqué les ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy - en particulier l'affaire Bygmalion et la campagne de 2012 - le secrétaire général de l'Elysée commence par démentir, assurant avoir "parlé d'autre chose" durant ce déjeuner. Trois jours plus tard, le 9 novembre, il change de version et, sans aller jusqu'aux propos très cash enregistrés par les deux journalistes, reconnait avoir évoqué ces affaires avec l'ex-Premier ministre.
C'est donc la première version donnée par Jean-Pierre Jouyet que Julien Dray justifie sous couvert de "courtoisie républicaine". Le conseiller régional reproche par ailleurs aux journalistes leurs méthodes de vrai-faux off :
Souvent quand les confrères viennent nous voir, ils posent le portable et ils nous disent "vous permettez, j’enregistre, c’est juste pour moi !" Et après c’est enregistré, c’est soit disant du off et ça devient du on, et on se trouve les uns et les autres pris au piège.
Interrogé sur ce point par Europe 1 le 9 novembre, Gérard Davet a expliqué :
Nous étions deux journalistes enquêteurs, avec carnets, stylos, on le connaissait pas donc pas de connivence… tout était carré !
BONUS TRACK
Jean-Pierre Jouyet est un peu le "pauvre Romain" dans Astérix et Obélix, celui sur qui tout le monde tape sans réfléchir. C'est cette belle comparaison que livre Julien Dray ce mardi matin lorsque son intervieweur lui demande s'il appelle à la démission du secrétaire général de l'Elysée :
Il faut arrêter avec ces démissions, cette pression médiatique qui fait qu’à chaque évènement, c’est parti ! Vous savez, c’est comme dans cette bande dessinée, quand les Gaulois, derrière Astérix et Obélix sortent du village ... alors là, chacun y va pour y aller et le pauvre Romain va s’en prendre plein la tête... et la démission devient l’alpha et l’oméga ! Ce n’est pas sérieux.