Changement de version pour le maire de Champlan, dans l'Essonne. Christian Leclerc (divers droite) nie, dimanche 4 janvier auprès de l'AFP, avoir refusé l'inhumation d'un bébé rom dans le cimetière de sa commune.
Il explique :
À aucun moment je ne me suis opposé à cette inhumation. La mayonnaise a été montée. [...] On avait le choix [pour l'enterrement] entre Corbeil et Champlan. J'ai dit OK mercredi matin pour l'un ou l'autre des scénarios.
Sur BFMTV, il ajoute :
Je ne comprends pas du tout cette situation, qui a été abusivement exploitée par certaines personnes, et je le déplore profondément. La commune de Champlan, et son maire en particulier, ne s'est jamais opposée à l'inhumation de cet enfant.
Selon lui, "les médias ont fait une dramatique interprétation" de ses propos. "Je suis revenu exprès le vendredi matin (jour de la mort du bébé, ndlr) pour m'occuper d'une autre inhumation, celle d'une dame âgée dans une famille de gens du voyage. La gendarmerie m'a appris la mort de l'enfant rom aux alentours de midi. Sachant que je partais le lendemain en congés, j'ai donné des consignes à mon premier adjoint de s'occuper des papiers dans ce dossier."
L'élu estime que sa réponse a pu avoir été mal interprétée par les services de la ville. Ces déclarations sont toutefois en contradiction avec ses propos rapportés par Le Parisien, samedi. "Nous avons peu de places disponibles, avait-t-il affirmé mercredi, d'après le quotidien. Priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux." Depuis, le maire, chevalier de la Légion d'honneur depuis 2012, ne s'était plus exprimé.
Prénommé Maria Francesca, le bébé, une petite fille de deux mois et demi, est décédé dans la nuit du 25 au 26 décembre d'une mort subite du nourrisson, selon l'association de solidarité en Essonne avec les familles roumaines et roms (ASEFRR), qui suit la famille depuis huit ans. À la demande des parents, une entreprise de pompes funèbres de Corbeil-Essonnes a pris contact avec la municipalité pour obtenir l'autorisation d'inhumer le nourrisson dans le cimetière de Champlan, mais le maire aurait refusé.
Selon Loïc Gandais, président de l'ASEFRR, l'édile a aussi "prétexté que la mort" du bébé "avait été déclarée à Corbeil-Essonnes".
Ce refus avait déclenché une avalanche de réactions indignées de la part de la classe politique, toutes tendances confondues. "Injustifiable et inhumain" selon Marielle De Sarnez (Modem), "on est tombé très très bas dans l'inhumanité" pour François De Rugy (EELV), "nausée" pour Alexis Bachelay (député PS) et Nathalie Goulet (sénatrice UDI), "honte et tristesse" pour Marie-Pierre de La Gontrie (PS)...
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s'est dit quant à lui "bouleversé" et "stupéfait" par cette affaire. Il "va appliquer sur cette question la méthode qui est la sienne depuis toujours - obtenir les informations et les points de vue de tous - et peut-être agir", a-t-il dit, en soulignant que la question des "discriminations devant la mort" a déjà été prise en compte par le Défenseur dans le passé. "Il est clair qu'il y a dans cette affaire des questions de droit", a insisté Jacques Toubon, laissant entendre qu'il pourrait s'en saisir.
La petite fille sera finalement inhumée lundi à Wissous, près de Champlan. "Une mère qui a porté un enfant pendant neuf mois et qui le perd à deux mois et demi, ce n'est pas la peine d'aggraver sa douleur", a déclaré à l'AFP le maire UMP de Wissous, Richard Trinquier, invoquant un "souci d'humanité". L'ASEFRR prendra en charge les frais d'obsèques, la famille ayant financé l'achat du cercueil.
[Edit 13h50 : ajout des déclarations de Christian Leclerc sur BFMTV]
[Edit 15h50] Démission !
Après que Manuel Valls a estimé que l'attitude du maire de Champlan était "une injure à ce qu'est la France", le député PS de l'Essonne et proche du Premier ministre Carlos Da Silva a estimé que l'édile devait quitter ses fonctions.
Le maire de #Champlan n'est pas digne de sa fonction. Rien ne peut justifier une telle ignominie. Il doit remettre son mandat. #Essonne
— Carlos DA SILVA (@DaSilvaCarlos91) 4 Janvier 2015