Législative partielle dans le Doubs : les succès et les excès du FN

Publié à 07h48, le 09 février 2015 , Modifié à 07h48, le 09 février 2015

Législative partielle dans le Doubs : les succès et les excès du FN
Sophie Montel. © SEBASTIEN BOZON / AFP
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Olivier Duhamel

Les trois succès du FN

>> Premier succès : avoir gagné la bataille du 1er tour. Désormais, les premiers tours des élections ne sont plus un match à deux, droite contre gauche, mais à trois UMP/PS/FN. Et une fois encore, après les législatives partielles de mars 2013 dans l’Oise et de juin 2013 dans le Lot-et-Garonne, le Front national réussit à se qualifier pour le second tour. Et il réussit encore mieux, puisqu’il le franchit nettement en tête.

>> Deuxième succès : progresser nettement d’un tour à l’autre. Il gagne 16 points par rapport au 1er tour, et ce alors que tout le monde, absolument tout le monde, de l’extrême-gauche à l’UMP appelait à ne pas voter pour lui.

>> Troisième succès : la hausse de la participation. Habituellement, elle diminue d’un tour à l’autre dans les élections partielles. Dimanche, elle a progressé de neuf points au second tour, malgré les consignes officielles de l’UMP appelant à voter blanc ou à s’abstenir. On ne décompte que 5,3% de bulletins blancs. Manifestement, de nombreux électeurs UMP ont choisi, contre toutes les consignes, de voter FN au second tour.

Les deux excès du FN

>> Premier excès : parler de "victoire". Seul le vainqueur peut parler de victoire. Et même si la gauche a beaucoup reculé dans le Doubs, même si le PS a perdu nombre de ses voix, il a gagné l’élection. Et c’est la première fois qu’il gagne une partielle depuis l’alternance de 2012 (hors Saint-Pierre-et-Miquelon), tandis que le FN butte encore sur la dernière marche.

>> Deuxième excès : parler d’une nouvelle bipolarisation FN/UMPS. D’abord parce que l’UMPS n’existe pas : ce n’est ni un parti, ni une alliance. UMP et PS se battent plus que jamais pour tenter d’emporter la bataille du premier tour. Et le parti UMP a refusé d’appeler à voter contre le FN au second.

En vérité, c’est une tripartition politique qui est en train de s’installer : FN/UMP/PS. Cette tripartition, imposée par les électeurs, se cogne contre un système politique bipolaire. Parce qu’aux Législatives, le troisième ne peut se maintenir que s’il obtient plus que 12,5% des inscrits. Et à la Présidentielle, la constitution réserve le second tour aux deux premiers du 1er tour. Du coup, nous assistons, au moment du vote décisif, à des bipolarisations alternées : tantôt UMP/PS, tantôt UMP/FN, tantôt FN/PS.

Avoir installé une tripartition politique est déjà un grand succès pour le Front national. Pour la nouvelle bipolarisation, nous n’en sommes pas là.

Du rab sur le Lab

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