Il y a deux écoles chez les responsables publics confrontés aux "affaires" : assurer que celles-ci ne vous concernent en rien. Ou dénoncer une opération politique. Dans l’enquête judiciaire sur le financement des campagnes électorales du Front national, Marine Le Pen s’essaye à ces deux lignes de défense.
La Justice cherche à vérifier si la société de communication Riwal et "Jeanne", le micro-parti de la présidente du FN, ne se sont pas enrichis abusivement au cours des élections cantonales de 2011, de la présidentielle et des législatives de 2012, au préjudice des candidats frontistes et du contribuable (puisque l’argent public prend en charge les dépenses électorales des formations politiques).
Quand Frédéric Chatillon, patron de Riwal et ami de Marine Le Pen, avait été mis en examen fin janvier pour de possibles malversations, l’ex-candidate à la présidentielle avait évacué ainsi les soupçons pesant sur elle :
"Je n’ai pas été auditionnée. Je ne sais absolument pas de quoi retourne cette affaire. Elle ne me concerne pas juridiquement.
"
Changement de stratégie ce vendredi 20 mars, alors que le trésorier (également actionnaire de Riwal) du micro-parti de la députée européenne a été mis en examen à son tour pour "escroqueries". Sollicité par l’AFP, Marine Le Pen a cette fois laissé entendre que la proximité d’élections locales était sans doute pour quelque chose dans les ennuis d'Alex Loustau :
"La veille du premier tour, un hasard sûrement.
"
Les enquêteurs s'intéressent au rôle de "Jeanne", qui prêtaient de l'argent à des taux de 6%-7% aux candidats FN lors des législatives. Ces derniers pouvaient alors acheter les kits de campagne (affiches, site internet.... etc.) fournis par Riwal. Les juges tentent de vérifier s'il n'y a pas eu de surfacturations ou de "ventes forcées" aux candidats du parti. Ce que conteste formellement le FN depuis le début.