Les opposants à la loi sur le mariage des homosexuels sont des anti-démocrates. La sentence vient de Christiane Taubira, ministre de la Justice. Elle l'écrit dans un livre, Paroles de liberté, à paraître ce mercredi 5 mars, et l'explique ce même jour sur France Inter.
Pour elle, les anti-mariage pour tous sont "incontestablement" des anti-démocrates. Et elle le justifie, citant le philosophe Alain : "la démocratie c'est le règne du droit."
Justification en deux étapes : d'abord le parcours législatif du texte sur l'ouverture du mariage aux couples de personnes du même sexe, puis sur les contestations une fois le texte inscrit dans la loi.
"Nous ne pouvons vivre en démocratie que si nous acceptons les règles", défend la Garde des Sceaux. Et "la question est de savoir comment sont adoptées les règles", explique-t-elle avant de se lancer dans un récapitulatif du parcours de la loi :
Lorsque les règles sont adoptées comme dans la démocratie française, par l'élaboration de textes, si c'est un texte gouvernemental il est d'abord soumis au Conseil d'Etat, ensuite il est soumis aux deux chambres du Parlement, parfois en deux lectures, se sont des débats publics, contradictoires. Et même après les votes de la loi, ce texte a été déferré au Conseil constitutionnel, qui a statué sur sa conformité à la Constitution.
Mais les protestations, portées essentiellement par la Manif pour tous, n'ont pas cessées avec l'adoption de la loi. Ce qui fait dire à la ministre que ces personnes sont anti-démocrates :
Lorsqu'au terme de ce processus, des personnes continuent à protester -et ils peuvent continuer à le faire, dans leurs clubs, même à la radio- mais envahir l'espace public de manière aussi continue pour contester … cela veut que chacun d'entre nous peut se mettre à contester les lois qui ne lui conviennent pas. Dans ces conditions, il n'y a pas de vie commune possible. Il n'y a pas de vie paisible possible.
"Nous devons nous soumettre à ces règles", martèle Christiane Taubira, en référence à des gens qui "se rassemblent depuis plusieurs mois, qui contestent les institutions, (...) qui agressent physiquement".
Dans un livre publié chez Flammarion, la garde des Sceaux revient sur les attaques racistes qui l'ont visée lors du vote de la loi sur le mariage homosexuel dans un livre plaidoyer pour une société plus tolérante et ouverte.