Alain Juppé ne veut pas céder à "la manie de nous précipiter sur de nouvelles lois" anti-terroristes

Publié à 10h01, le 14 janvier 2015 , Modifié à 10h41, le 14 janvier 2015

Alain Juppé ne veut pas céder à "la manie de nous précipiter sur de nouvelles lois" anti-terroristes
Alain Juppé © NICOLAS TUCAT / AFP

VIEUX SAGE - Depuis les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher, la classe politique dans son ensemble est tiraillée entre les appels à une nouvelle législation anti-terroriste ou les mises en garde contre une surenchère en ce domaine. Alain Juppé fait partie des seconds.

Invité mercredi 14 janvier de RMC et BFMTV, le maire de Bordeaux se distingue sensiblement d'une partie de sa famille politique. À la question de savoir si gauche et droite doivent prolonger l'unité nationale en légiférant ensemble, il répond par un appel à "agir sans fébrilité excessive" et à évaluer "ce qui est vraiment nécessaire" :

"

Nous avons la manie, chaque fois qu'un événement grave - et celui-ci est gravissime - se produit, de se précipiter sur : 'Faisons de nouvelles lois'. Commençons par appliquer celles qui existent et nous donner les moyens de le faire. 



[...] Je vous rappelle qu'il y a une loi qui a été votée en novembre 2014 [voir ici, ndlr] et qui n'est toujours pas appliquée parce que les décrets d'application ne sont pas parus [c'est en cours, ndlr]. Et elle comporte des dispositions intéressantes [...]. Donc appliquons cette loi et complétons-là le cas échéant si c'est nécessaire. [...] Essayons d'agir sans fébrilité excessive et en regardant ce qui est vraiment nécessaire.

"

Un peu plus loin, le candidat à la primaire de la droite pour 2016 résume sa pensée :

"

Vous savez, on est un peu sur le fil du rasoir : il faut défendre nos libertés, se donner les moyens de les défendre, sans prendre des mesures liberticides. Il faut faire preuve de la plus grande détermination et en même temps de raison.

"

L'ancien Premier ministre, qui assure ne pas vivre dans un "monde de Bisounours", alerte surtout sur le risque d'aller "au-delà de ce que le respect des libertés fondamentales impliquent" :

"

Il faut raison garder. Il faut des mesures fortes, il ne faut pas faiblir dans cette affaire-là. Et nous soutenons le gouvernement dans sa détermination, mais là aussi il ne faut pas aller au-delà de ce que le respect des libertés fondamentales impliquent.

"

Alain Juppé se démarque donc clairement de certains au sein de sa famille politique, en particulier de Nicolas Sarkozy. Dès mercredi 7 janvier, jour de l'attaque contre Charlie Hebdo, le président de l'UMP invitait le gouvernement à prendre "des mesures fortes". Il a depuis développé quelques propositions, même si certaines de ses préconisations (et celles d'autres) existent déjà.

Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, a quant à lui demandé "une loi exceptionnelle" dans l'hémicycle ce mardi, durant l'hommage des députés aux victimes des attentats. Et le patron des députés d'opposition d'ajouter :

"

S'il faut restreindre la liberté de quelques-uns, il faudra le faire.

"

Au sein d'une UMP divisée sur la question, Alain Juppé est donc plutôt sur la même ligne que François Fillon. Ce dernier estimait mardi sur France Inter

"

Aucune liberté ne doit être abandonnée et je n'ai pas proposé de modification législative fondamentale.

"

[Bonus Track] Houllebecq pourquoi pas, Zemmour non

Alain Juppé lira-t-il le roman de Michel Houellebecq, Soumission ? "Je ne sais pas. Je suis curieux, je suis curieux de tout parce qu'il faut tout lire", répond-il. En revanche, il n'a pas lu et ne lira pas celui d'Éric Zemmour, Le Suicide Français. Il explique :

"

Parce que cet espèce de dénigrement systématique, de vision caricaturale de la société française - parce que même sans l'avoir lu, j'en ai lu beaucoup de bonnes feuilles. Vous en avez tellement parlé. On sait à peu près ce qu'il y a dedans. Alors j'ai pas envie de me taper - combien ? - 700 pages pour entendre des choses qui me paraissent très décalées par rapport à la réalité.

"

Du rab sur le Lab

PlusPlus