Le PS se gauchise-t-il sous l'effet Mélenchon ?

Publié à 16h42, le 04 avril 2012 , Modifié à 20h36, le 04 avril 2012

Le PS se gauchise-t-il sous l'effet Mélenchon ?
Clémentine Autain et Jean-Luc Mélenchon, à Montreuil, le 11 décembre 2011. (Maxppp)

Il monte, il monte le Front de Gauche. Et sa porte-parole, Clémentine Autain, a estimé mercredi matin lors de l'émission"En route pour la présidentielle", sur Radio Classique et Public Sénat, que certaines propositions du candidat socialiste étaient directement influencées par cette montée dans les sondages.

Le Lab a donc comparé la courbe des sondages de Jean-Luc Mélenchon et le calendrier d'annonce des promesses de François Hollande. Verdict ? Clémentine Autain a - globalement - raison.

  1. "J'entends une petite musique du côté du Parti Socialiste"

    Sur publicsenat.fr

    Clémentine Autain, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, était mercredi 4 avril au matin, l'invitée de Radio Classique et Public Sénat, dans l'émission "En route vers la présidentielle".

    Le Lab a coupé le son du passage qui a attiré notre attention. Vous pouvez aussi retrouver le même passage, vers 5 minutes et 30 secondes de cette vidéo.

    Clémentine Autain commence sa démonstration par ces mots : 

    Nous voulons gagner. Donc nous on ne se résout pas au rapport de force actuel. J'entends une petite musique du côté du Parti Socialiste.

  2. "Quand on a grimpé à 6%, il s'en est pris au monde de la finance"

    Sur publicsenat.fr

    Quand on a grimpé à 6 ou 7 %, vous avez entendu, ils s'en est pris au monde de la finance. 

    Le 22 janvier 2012, au Bourget, un passage du discours de François Hollande fait couler beaucoup d'encre. Le voici in extenso : 

    Mais avant d’évoquer mon projet, je vais vous confier une chose. Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire.

    Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne.

    Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. 

    En réalité, Clémentine Autain se voit alors plus petite qu'elle n'est. Selon le rolling IFOP, Fiducial pour Paris Match, Jean-Luc Mélenchon recueille 8% d' intentions de vote au premier tour le vendredi 20 janvier, 7% le lundi 23 janvier. Donc, si l'on devait pinailler, on écrirait que la gauche de la gauche est plus près des 7,5% que des 6 ou 7%.

  3. "Quand nous étions à 9%, il y a eu une taxe sur les hyper-riches"

    Sur publicsenat.fr

    Quand nous étions à 8-9%, il y a une taxe sur les hypers-riches. 

    poursuit Clémentine Autain sur Radio Classique.

    La porte-parole de Jean-Luc Mélenchon fait référence au lundi 27 février. Sur le plateau de TF1, François Hollande annonce une nouvelle mesure. Il propose de taxer à 75% les revenus annuels supérieurs à un million d'euros.

    Toujours selon notre rolling IFOP pour Paris Match, ce même jour, le 27 février, le Front de Gauche est à 9% d'intentions de vote au premier tour. Et à 8% le vendredi 24 février.  Donc la porte-parole de Jean-Luc Mélenchon a de nouveau raison.

  4. "On voit là le blocage des prix"

    Sur publicsenat.fr

    Dernière mesure socialiste dont le Front de Gauche revendique la paternité : 

    On voit là annoncé le blocage des prix. [...]

    François Hollande a en effet programmé mercredi 4 avril au matin, dans l'agenda politique de sa première année à l'Elysée, un blocage pour trois mois des prix des carburants.

    C'est là où la frise chronologique de l'annonce des mesures du PS à la lumière de la montée dans les sondages du FdG n'est pas pertinente. Car, toujours selon le rolling IFOP pour Paris Match, si le parti de Jean-Luc Mélenchon est à 12,5% d'intentions de vote au premier tour mardi 3 avril ; en réalité, le candidat socialiste avait déjà évoqué cette mesure, à Nantes, le 19 janvier. Et à l'époque, le Front de Gauche était "seulement"à 8,5% d'intentions de votes au premier tour dans notre sondage...

    Clémentine Autain conclut néanmoins :

    Ce que je veux dire c'est que plus nous sommes forts, plus le parti socialiste est obligé d'infléchir sa campagne et de prendre en compte cette aspiration à une gauche qui a de l'odeur et de la saveur.

  5. Et demain le SMIC ?

    Sur publicsenat.fr

    La porte-parole au débit de mitraillette annonce aussi au cours de cette interview matinale, la prochaine mesure sur laquelle le Front de Gauche en état de grâce dans les sondages, attend le Parti Socialiste : 

    Nous attendons par exemple une augmentation du SMIC. [...] à 1.700 euros bruts

    Mais le PS ne semble pas prêt à cette eventualité. Dans une interview au JDD, dimanche 1er avril, Arnaud Montebourg, représentant spécial de François Hollande dit "oui" à la négociation, mais "non" à l'augmentaion du SMIC. 

    Il y a aussi des désaccords avec Jean-Luc Mélenchon, comme sur le smic. Bien sûr, nous sommes pour l’augmentation du smic. Mais ce n’est pas pour nous le bon outil de pouvoir d’achat car il ne concerne que 13% des salariés.

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