C’est le week-end où tout a failli basculer chez Les Républicains. Lâché par de nombreux élus et cadres de sa campagne, François Fillon joue son va-tout dimanche 5 mars après-midi en organisant un grand rassemblement de ses partisans, au Trocadéro , à Paris. Avec succès : le candidat LR à la présidentielle parvient à rassembler des milliers de personnes.
Deuxième réussite pour François Fillon : son intervention au 20 heures de France 2, dimanche soir. L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy confirme qu’il n’a pas l’intention de renoncer. Après avoir longtemps hésité à se porter candidat à la présidentielle pour remplacer François Fillon, Alain Juppé envoie alors un message sur Twitter : "Je ferai une déclaration à la presse demain (lundi) à Bordeaux à 10 h 30".
Les fidèles du maire de Bordeaux comprennent le message : il va renoncer. Mais selon le Monde, ce mercredi 8 mars, deux proches d’Alain Juppé ne se résignent pas à ce scénario : Gilles Boyer et Benoist Apparu. Au point que les deux n’hésitent à prendre leur voiture en pleine nuit de dimanche à lundi pour faire Paris-Bordeaux, raconte le quotidien, comme l’avait déjà dévoilé France 2 lors de son 20 heures lundi 6 mars :
"Gilles Boyer et le député de la Marne, Benoist Apparu, se passent un coup de fil vers 23 heures. Ils conviennent de se rendre à Bordeaux pour tenter de faire changer d’avis leur champion avant qu’il ne prenne la parole. Les deux hommes se retrouvent à 3 heures du matin pour faire voiture commune. Ils roulent toute la nuit et arrivent à temps. Sans succès. Alain Juppé ne veut rien savoir. Sa décision est prise.
"
Alain Juppé a compris qu’il ne sera pas adoubé par le député de Paris et qu’aucun rassemblement ne se fera derrière sa candidature. Au Trocadéro, plusieurs proches de Nicolas Sarkozy s’étaient en effet affichés aux côtés de François Fillon comme Christian Jacob, Luc Chatel, Eric Ciotti et François Baroin. Des arguments visiblement plus forts que ceux employés par son ancien directeur de campagne et son ancien porte-parole pendant la primaire lundi 6 mars au matin, à Bordeaux.
Selon Le Canard enchaîné, Alain Juppé conserve un mauvais souvenir de cet épisode, visant notamment deux ténors LR :
"Cette élection est perdue. Nicolas Sarkozy a tenté de nous manipuler en cherchant à contrôler le parti et à caser François Baroin. Moi, je n’ai pas une bonne opinion de François Baroin. Il n’a pas d’idées et il ne travaille pas.
"
Les juppéistes sont eux aussi amers après le renoncement de leur champion. "Triste fierté", a écrit Gilles Boyer sur Twitter. "Je suis très triste pour la France", a abondé le député LR de Charente-Maritime Dominique Bussereau. Et ce d’autant plus qu’une collecte de parrainages avait été lancée en faveur d’Alain Juppé. Plusieurs juppéistes se sont quant à eux mis publiquement en retrait de la campagne de François Fillon, comme Gilles Boyer, qui était le trésorier de la campagne, Benoist Apparu ou encore le député et maire du Havre Edouard Philippe. Avec le risque d’être désormais durablement écarté de la campagne.