MAUVAIS EXEMPLE- Bruno Le Maire est tout colère, ce mardi 12 juillet . Parmi les sujets qui mettent le député de l'Eure en boule, il y a la situation économique et sociale du pays, évidemment. Et puis il y a la nomination probable de Philippe Mauguin, le directeur de cabinet du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, à la tête de l'INRA, l'Institut national de recherche agronomique.
Pour Bruno Le Maire, lui-même ministre de l'Agriculture entre 2009 et 2012, cette nomination, qui doit être définitivement entérinée lors du Conseil des ministres du 20 juillet, est tout simplement inacceptable :
"Je souhaite que François Hollande renonce à cette nomination qui fait honte à la République.
"
Le CV de Philippe Mauguin semble pourtant plaider en sa faveur. Ingénieur des ponts, eaux et forêts, le "dircab" de Stéphane Le Foll a été notamment directeur de l’agriculture et des bioénergies à l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie de 1993 à 1997, avant de devenir conseiller du Premier ministre Lionel Jospin pour l’agriculture, la forêt et l’alimentation pendant cinq ans. Avant d'être appelé à la tête du cabinet de Stéphane Le Foll, ce haut-fonctionnaire de 53 ans était directeur des pêches maritimes et de l’aquaculture au ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche.
Non, ce qui révolte Bruno "le renouveau" Le Maire, c'est le fait de proposer à la tête de l'établissement public le premier collaborateur du ministre de l'Agriculture :
"Une bonne procédure de nomination ne serait non pas le fait du prince, comme c’est le cas actuellement un ministre qui recase son premier collaborateur, mais une procédure de nomination dans laquelle on aurait un appel à candidature avec des projets clairement définis. [...] Le fait du prince dans les nominations, ce n’est pas la République exemplaire.
"
Le recasage de conseillers de cabinet ministériel à la tête d'établissements publics est pourtant une pratique très fréquente, notamment en fin de mandat. Le choix de Philippe Mauguin doit par ailleurs être avalisé par les commissions des Affaires économiques de l'Assemblée et du Sénat, qui peuvent s'y opposer, à la majorité des trois-cinquièmes des deux commissions.
La critique de Bruno le Maire garderait une certaine cohérence si... lui-même n'avait pas précisément recasé deux de ses directeurs de cabinet à la tête d'établissements publics, entre 2010 et 2012, comme l'a relevée sur Twitter la journaliste de Libération Laure Bretton.
En novembre 2010, Pascal Viné est nommé directeur général de l'Office national des forêts (ONF). Doté d'un CV long comme le bras, l'homme est alors le directeur de cabinet de Bruno Le Maire au ministère de l'Agriculture depuis juin 2009. Et c'est... le président de la République, à l'époque Nicolas Sarkozy, qui prend cette décision par décret. Sans que Bruno Le Maire ne s'en émeuve particulièrement.
Rebelote en mars 2012 quand le successeur de Pascal Viné, Jean-Marc Bournigal est à son tour nommé à la tête d'un établissement public agricole, en l'espèce l'Institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea). De nouveau par décret du président de la République. Ballot quand on se pique de critiquer "le fait du prince" de telles nominations.