Comment, en voulant se démarquer de Jean-Luc Mélenchon, Emma Cosse contredit Manuel Valls

Publié à 11h50, le 27 mai 2016 , Modifié à 11h55, le 27 mai 2016

Comment, en voulant se démarquer de Jean-Luc Mélenchon, Emma Cosse contredit Manuel Valls
Emmanuelle Cosse, jeudi 26 mai 2016 dans Des Paroles et Des Actes sur France 2 © Montage Le Lab

DÉGÂT COLLATÉRAL - Emmanuelle Cosse, ex-patronne d'EELV devenue ministre du Logement de François Hollande, représentait le gouvernement pour donner la réplique à Jean-Luc Mélenchon, sur le plateau de Des Paroles et Des Actes jeudi 26 mai au soir. Objectif : ne pas laisser le monopole de la gauche à celui qui est à nouveau candidat à la présidentielle.

Représentant cette écologie dont se réclame également Jean-Luc Mélenchon, Emmanuelle Cosse était notamment venue expliquer qu'être de gauche et œuvrer pour sa "réussite", c'est aussi se placer "dans le concret", dans "la réalité" par "des actes quotidiens". Comprendre : gouverner et non simplement s'opposer.

Sauf que tout à sa démonstration et en voulant se démarquer de Jean-Luc Mélenchon, la ministre qu'est Emmanuelle Cosse a, au passage, totalement contredit le chef du gouvernement qu'est Manuel Valls.

# Ce qu'Emmanuelle Cosse a dit

"Je crois que ce qui nous sépare aujourd'hui, c'est que moi je crois encore à la réussite de la gauche, et la gauche à laquelle j'appartiens, je ne spécule pas sur sa défaite", a expliqué la ministre du Logement. "Moi j'appelle la gauche des gens qui agissent tous les jours pour répondre aux difficultés des Français", a-t-elle encore déclaré. Jusqu'ici, rien qui dénote par rapport au discours du Premier ministre, qui fustige à l'envi cette gauche qui se complairait dans l'opposition en refusant les responsabilités - et les risques qui vont avec.

C'est ensuite que ça se gâte. Concluant son argumentaire, Emmanuelle Cosse lance :

 

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Je crois moi en tout cas, parce que j'ai lu les dernières interviews de Jean-Luc Mélenchon, qu'il faut aussi travailler à réconcilier tous les Français. Et moi je ne crois pas que c'est gauche contre gauche, que c'est en écrasant l'une qu'on va [faire] gagner l'autre. Je ne crois pas à cette histoire des gauches irréconciliables et je crois que justement, on peut agir ensemble.

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# Pourquoi cela l'oppose à Manuel Valls

Or, Manuel Valls fait partie des tenants les plus fervents de "cette histoire des gauches irréconciliables". C'est le terme exact qu'il avait utilisé, en février, pour délimiter une frontière infranchissable selon lui au sein de la gauche. Il disait alors :

 

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A gauche, il faut qu'on se dépasse. Le problème n'est pas d'organiser une primaire qui irait de Mélenchon à Macron. Parfois, il y a des positions irréconciliables et il faut l'assumer. [...] Moi, je ne peux pas gouverner avec ceux qui considèrent que François Hollande, c'est pire que Nicolas Sarkozy [ce qu'explique régulièrement Mélenchon, ndlr].

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Il explique par ailleurs volontiers qu'il "n'y a pas d'alternative à gauche", seule la gauche de gouvernement pouvant prétendre à la victoire en 2017. Une manière policée de voir ce "c'est en écrasant l'une qu'on va [faire] gagner l'autre" fustigé par Emmanuelle Cosse.

Difficile de l'affirmer, mais on peut au moins se poser la question : Emmanuelle Cosse a-t-elle délibérément voulu se démarquer à la fois de cette gauche "irréaliste" représentée par Mélenchon que de cette autre gauche qui se définit par opposition aux "archaïsmes" et aux "conservatismes" selon les mots de Valls ? Ou ce scud contre Manuel Valls n'est-il ici qu'une balle perdue ?

Du rab sur le Lab

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