Comment le FN tente de se victimiser par tous les moyens : aujourd'hui, la réforme de l'élection présidentielle

Publié à 19h19, le 10 mars 2016 , Modifié à 19h19, le 10 mars 2016

Comment le FN tente de se victimiser par tous les moyens : aujourd'hui, la réforme de l'élection présidentielle
Marine Le Pen © FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Le Front national se désigne comme le parti anti-système : eux contre le reste du monde, à savoir la "caste" politico-médiatique qui refuse de voir les choses changer. Pour prolonger cette vision, le parti présidé par Marine Le Pen a adopté une stratégie. Depuis des années, il se victimise, histoire de montrer à ses ouailles combien il dérange.

Le 7 mars, sur son blog, Marine Le Pen s'érigeait en victime du machisme médiatique en expliquant que, selon elle, les médias la font passer pour une "dragueuse invétérée". Ce qui est un tout petit peu faux. Nouvel exemple ce jeudi 10 mars avec ce communiqué de Michel Guiniot, vice-président du groupe Front National au conseil régional de Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Ce membre du Bureau politique s'émeut de l'adoption par le Sénat de "deux propositions de loi destinées à modifier les règles de l’élection présidentielle". En cause, donc, cette fameuse réforme de l'élection et notamment cette modification des règles sur le recueil des 500 parrainages d'élus nécessaires pour se présenter. Ce sont ces élus qui devront désormais envoyer eux-mêmes leur parrainage au Conseil constitutionnel qui, in fine, publiera ces parrainages.

Cette nouvelle règle ne plaît pas du tout à Michel Guiniot qui se dit "inquiet pour la bonne réception de ces parrainages, quand on se souvient que de nombreux centres de tri se sont mis en grève durant la période d’acheminement de la propagande officielle lors des dernières élections régionales de décembre 2015".

Il ajoute :

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Quant aux pressions sur les élus locaux, c’est le Front National qui en est la principale victime à chaque élection présidentielle ! Une fois de plus, à une année du scrutin, force est de constater que toutes les 'combinazionnes' destinées à rendre plus difficiles les candidatures qui n’émaneront pas du PS ou de l’UMP se mettent déjà en place.

 

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Le frontiste précise que, selon le FN, "la principale demande des élus de tous bords politiques qui souhaitent accorder un parrainage à un candidat quel qu’il soit, est le droit à l’anonymat pour le signataire".

Sauf que le FN n'est pas vraiment "la principale victime". Hormis en 1981, et malgré un incessant battage médiatique sur les difficultés supposées du parti à recueillir les précieux sésames, le FN a toujours présenté un candidat à l'élection présidentielle.

Surtout, la donne a quelque peu changé pour l'autoproclamé "premier parti de France". Selon FranceTVInfo, le FN compte, depuis les dernières élections régionales, 1992 élus, contre 181 après la présidentielle de 2012.

Parmi ces 1992 élus, on compte deux députés, deux sénateurs, 24 députés européens, 62 conseillers généraux, 358 conseillers régionaux et 1544 conseillers municipaux, dont 11 maires. Si l'on enlève les conseillers municipaux, ce sont donc un peu moins de 470 élus (si on enlève ceux qui cumulent) qui peuvent d'ores-et-déjà apporter leur soutien à Marine Le Pen.

En 2017, le FN ne devrait donc pas avoir de mal à obtenir ses parrainages. On imagine que pour les Verts ou le MoDem, ce sera en revanche un peu plus compliqué. 

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