Il a promis qu’il ne ferait aucun compromis, que le programme qui lui a permis de remporter la primaire de la droite ne serait ni atténué ni dénaturé. Mais les propos de campagne n'engagent que ceux qui les écoutent, comme dirait l'autre. Et de nombreux parlementaires LR commencent à demander à François Fillon de modérer son programme, notamment sur la sécurité sociale ou sur la baisse drastique du nombre de fonctionnaires.
Car la grogne touche les députés dans leurs circonscriptions. Qui font remonter le message à l’état-major de François Fillon. "C’est un bruit de fond", témoigne Julien Aubert à L’Opinion de ce mercredi 7 décembre. Qui ajoute :
"Ce n’est pas une grosse inquiétude mais elle existe. Dans les territoires dits périphériques, fragilisés, la crainte est que la potion se révèle trop amère. Il faut faire attention et rééquilibrer : garder l’angle libérateur – libérer les énergies, les Français – mais faire attention à la réforme à la hache.
"
Ancien porte-parole de Bruno Le Maire pour la campagne de la primaire, Damien Abad est confronté aux mêmes interrogations. "Je me suis fait cartonner sur la suppression de 500 000 fonctionnaires et les 39 heures", confie l’élu de l’Ain. Il poursuit, appelant François Fillon à mieux calibrer ses propositions pour ne pas braquer une partie de l’électorat sur lequel lorgne le Front national qui dénonce "la casse sociale" que représenterait le programme du champion de la droite :
"Il faudra peut-être un peu moduler les choses. Toute politique brutale ne marche pas. François Fillon a raison sur le fond mais il faudra que sa politique soit bien quantifiée.
"
Parmi les nouveaux patrons de LR proches de François Fillon, le message semble avoir été entendu. Ainsi Bernard Accoyer et Bruno Retailleau, deux des nouveaux hommes forts de la majorité sauce Fillon, ne ferment pas la porte à des évolutions dans le programme de leur candidat. "La campagne présidentielle sera très différente de celle de la primaire, assure le patron des sénateurs LR. Il faudra exprimer l’idée d’ascenseur social, donner de l’espérance à des gens qui n’en ont plus."
Selon Le Monde , lors de la réunion du groupe LR à l'Assemblée, présidée par Christian Jacob, le nouveau patron du parti, Bernard Accoyer, a lui aussi émis des doutes sur le programme santé de François Fillon. "Ce n’est pas moi qui ai rédigé le programme santé de Fillon, précise ce médecin. Il y a nécessité de le modifier dans sa mise en œuvre et dans sa présentation, parce qu’il est mal compris." L’ancien président de l’Assemblée nationale juge ainsi nécessaire de "clarifier certains points".