Dette et chômage à réduire, tempêtes économiques à affronter, face à la charge de travail qui attendait le vainqueur de l'élection présidentielle, notre blogueuse Delphine Dumont s'interroge : et si aucun des deux candidats n’avait voulu gagner ?
"Il y a du pain sur la planche et il est bien amer".
On a tous vu hier les larmes de François Hollande et l'incroyable sérénité de Nicolas Sarkozy, les unes et l'autre nous ont semblé normales en la circonstance.
Et si on avait tout faux ? Et si tout cela révélait quelque chose de bien différent ?
Les cinq ans à venir vont être tout sauf amusants ou faciles. Oui, ils seront propices au changement, mais pas un changement agréable. Il faut réduire la dette et le chômage simultanément, composer avec une Europe incontournable, affronter les tempêtes économiques et politiques qui s'annoncent... Bref, il y a du pain sur la planche et il est bien amer.
Dans ces conditions, malgré l'appétit personnel des candidats, il devait être un peu difficile d'être enthousiaste à l'idée d'être élu. Le PS a beau promettre que le changement, c'est maintenant, cela ne pourra concerner que la couleur des chemises des dossiers.
Comment ne pas imaginer que, finalement, cette élection, aucun des deux candidats ne voulait vraiment la remporter ? Les partis mêmes ne voulaient pas la remporter. Le PS a choisi celui qui a échoué à tous les examens de charisme et dont l'ignorance en matière d'économie et de politique internationale est abyssale. L'UMP a soutenu son candidat à des degrés très variables, il n'y a pas eu cette unité impressionnante de 2007. Même Bayrou s'est fait discret ! Il n'y a que les extrêmes (droite et gauche) qui ont pu y aller à fond, sûrs de ne pas gagner.
Malgré toute cette prudence, l'un des candidats devait sortir gagnant et ça a été François Hollande. En homme intelligent, il savait qu'il n'aurait droit à aucun état de grâce, on comprend mieux ses larmes.
Quant à Nicolas Sarkozy, il a mené une campagne avec tout ce qu'il fallait de repoussoir (extrême-droitisation, attaques des médias, etc.) pour perdre sans avoir l'air de le vouloir. Sa sérénité peut donc s'expliquer facilement par un immense soulagement, probablement teinté de regret cependant.