Notre éditorialiste Olivier Duhamel s’interroge sur la tentation croissante d’enterrer la stratégie du Front républicain.
Ni-ni, la fausse solution
Jadis, le Front républicain fonctionnait à plein. La question ne se discutait pas, à quelques élus près. Lorsqu’un candidat FN se retrouvait en duel au second tour, les responsables politiques, de droite ou de gauche, appelaient à voter contre lui. Et Chirac écrasa Le Pen en mai 2002 avec 82% des suffrages.
Naguère, Sarkozy et Copé ont inventé le ni-ni, le refus de choisir entre un candidat PS et un candidat FN, reléguant le Front républicain au musée des antiquités. Tout le monde s’en est indigné à gauche, et quelques uns au centre ou à droite. Mais Fillon lui-même a dû rallier cette nouvelle stratégie.
Désormais, une partie de la gauche elle-même pratique le ni-ni et ne veut plus du Front républicain. A Villeneuve-sur-Lot, ni le NPA, ni le Front de gauche, ni les Ecologistes n’ont appelé à voter contre le FN au second tour. Plusieurs élus socialistes ont indiqué qu’ils préféraient s’abstenir. Et du coup, 14% des votants ont choisi un bulletin blanc ou nul au second tour. Ajoutez les socialo-marinistes, ceux qui votèrent Cahuzac en 2012 et FN dès le 1er tour en 2013, ceux qui ont encore voté PS le 16 juin mais FN le 23 juin, et vous avez une idée de la dislocation politique.
Et pourtant, le ni-ni ne saurait tenir lieu de stratégie.
D’abord parce qu’il frôle le degré zéro de la politique, le refus de choisir.
Et surtout parce qu’il offre au FN l’ultime marche pied pour gagner.