Dans son discours de clôture de l'université de rentrée du MoDem ce 30 septembre, François Bayrou a pratiqué la politique de la main tendue. Il a d'abord passé de longues minutes à féliciter les orientations du gouvernement socialiste, s'est ensuite dit prêt à travailler avec la droite comme avec la gauche pour enfin réaffirmer son offre d'unité à Jean-Louis Borloo.
Le Lab revient sur ses déclarations.
> La courageuse politique de François Hollande
A la tribune, le leader du parti centriste a d'abord défendu le chef de l'Etat:
Aujourd’hui François Hollande est critiqué, parfois raillé et de manière à mes yeux parfois excessives. Ceux qui l’admiraient hier n’ont pas de mots assez durs aujourd’hui et l’hebdomadaire dominant de la gauche française a utilisé en couverture le mot "nul ".
Et contrairement aux médias et à l'opposition, François Bayrou a voulu souligner que, pour lui, l'action politique de François Hollande est "courageuse".
Ne croyez pas que ça ne soit rien, ni même peu de chose. Je ne peux m’empêcher de sourire quand je vois les commentateurs dire: "Ils ne font pas assez loin".
Ces cinq chantiers [lancés par le gouvernement] sont parmi les plus impressionnants de ceux qui ont été programmés durant ces dernières décennies
Si les annonces du gouvernement plaisent à François Bayrou, c'est parce qu'il y voit un "changement intellectuel de la gauche française que beaucoup de leaders du centre attendaient depuis des décennies." Il compare même ce virage à un "Bad Godesberg", du nom du programme socialiste allemand mis en place entre 1959 et 1989, qui abandonne les idées marxistes et reconnait l'économie de marché.
C'est un Bad Godesberg en direct !
Après cette apologie des décisions du gouvernement, le président du MoDem a rappelé tous les "obstacles" auxquels les socialistes vont être confrontés. En particulier celui des "Français qui n'ont pas été avertis pendant la campagne" et qui vont "être saisis sans s'y attendre de la falaise à gravir".
> Les gentils SMS socialistes
François Bayrou a raconté, avec un plaisir non dissimulé, qu'un "haut responsable socialiste" lui avait envoyé un SMS après son passage sur Europe 1 une semaine plus tôt. Dans ce message, le socialiste - dont on ne connaîtra pas le nom - cite Churchill :
Il y a deux sortes de responsables politiques, ceux qui préparent la prochaine élection et ceux qui préparent la prochaine génération. Les premiers sont des politiques, les seconds sont des hommes d’Etat.
Le président du MoDem a assuré qu'il voulait être de ceux qui "préparent la prochaine génération".
> Un MoDem prêt à travailler avec la droite comme avec la gauche "compatible"
Sa description du MoDem ? "Le parti qui cherche la coopération entre les grands courants de pensée du pays plutôt que les exaspérations". Tout réaffirmant son "indépendance", il s'est dit prêt à travailler tout à la fois avec la droite ou la gauche :
Nous pouvons travailler avec la droite lorsqu'elle est compatible, une droite honorable et républicaine. Comme avec la gauche si elle est compatible.
Oui nous pouvons être co-reponsables de l'avenir du pays. Nous pouvons nous allier mais nous ne devons pas nous dissoudre.
> La recherche de l'unité au centre
Comme il l'avait fait sur Europe 1 le 23 septembre, François Bayrou a réaffirmé sa volonté d'unir le centre sans se renier :
Le mouvement démocrate affirme son offre de dialogue, de coopération, de travail en commun, de rapprochement, de démarche unitaire, d’unité- j’ai suivi une gradation - avec tous ceux qui s’inscriront dans la reconnaissance des vertus du centre.
A une condition : que le centre soit le centre.
Il a ensuite évoqué directement Jean-Louis Borloo, à la tête d'une UDI qui se positionne clairement centre-droit, en assurant qu'"il n'y aura aucun problème de leadership" en cas de rapprochement.
> La présidentielle de 2017
Dans cette idée d'une unité au centre, François Bayrou a même évoqué la présidentielle de 2017 et proposé l'organisation d'une primaire pour départager tous les candidats du "centre uni" :
Le jour de l’élection présidentielle, s’il y a plusieurs candidats, nous organiserons les primaires du centre. Et ce candidat, enfin soutenu par les siens, peut-être gagnera-t-il !
On verra des talents divers, on en débattra, et le meilleur –ou la meilleure ! – s’imposera et en portera le flambeau.