[EDIT 19h05] Dans une interview au Figaro publiée en fin d'après-midi, François Fillon confirme qu'il sera candidat même s'il est mis en examen :
"J'avais souhaité que la justice agisse vite dans cette période particulière qu'est la campagne présidentielle. Mais la justice n'a pas pris de décision. L'enquête se poursuit et l'horloge tourne. Plus on s'approche de la date de l'élection présidentielle, plus il serait scandaleux de priver la droite et le centre d'un candidat. Je m'en remets désormais au suffrage universel. Ma décision est claire: je suis candidat et j'irai jusqu'à la victoire.
"
Modification du titre. Titre original : François Fillon envisage de rester candidat même en cas de mise en examen.
RENIEMENT IS COMING - Vous imaginez, vous, le général de Gaulle expliquer qu'on ne peut pas prétendre aux plus hautes fonctions si l'on est mis en examen, puis décider que finalement, il ne voit pas bien pourquoi il se gênerait ? François Fillon, lui, voit ça très bien.
C'est ce qui ressort en tout cas de ce propos privé du candidat à la présidentielle rapporté par Le Parisien vendredi 17 février :
"Le parquet national financier n'a aucune compétence en la matière, avec une enquête exclusivement à charge. Je ne renoncerai donc pas. Hors de question d'abandonner.
"
Sous-entendu : même en cas de mise en examen. Le rédacteur en chef de LCP rapportait la même volonté jeudi :
Même en cas de mise en examen, #Fillon pourrait annoncer le maintien de sa candidature. Interview prévue dans le Figaro samedi. @LCP
— Philippe Mathon (@pmathon) 16 février 2017
Et selon RTL, François Fillon affirme même en privé :
"Même si je suis mis en examen, rien ne m'arrêtera.
"
Ce qui tend à confirmer ses dires officiels et publics de la veille. Jeudi, le parquet national financier a émis un communiqué de presse indiquant que "les nombreux éléments déjà recueillis" dans le cadre de son enquête sur l'affaire des emplois fictifs présumés de Penelope Fillon "ne permettent pas d'envisager, en l'état, un classement sans suite de la procédure". En conséquence de quoi "les investigations vont se poursuivre", ajoutait le PNF. Ni classement sans suite donc, ni ouverture d'information judiciaire, ni renvoi en correctionnelle (pour le moment). François Fillon avait rapidement réagi auprès du Figaro, affirmant que "cette annonce n'est qu'un acte de communication qui nourrit le feuilleton médiatique".
Et le candidat d'ajouter :
"Cela n'entame en rien ma détermination. J'entends plus que jamais porter le projet de redressement et de modernisation de la France, conformément au mandat qui m'a été donné par 4,4 millions de nos concitoyens. Je m'en remets donc désormais au seul jugement du suffrage universel.
"
Cette volonté de maintenir sa candidature à la présidentielle même en cas de mise en examen entrerait évidemment en contradiction avec ce qu'il avait dit sur le plateau du JT de TF1, le 26 janvier, à savoir :
"Il n'y a qu'une seule chose qui m'empêcherait d'être candidat, c'est si mon honneur était atteint, si j'étais mis en examen.
"
Un engagement qu'il avait réitéré dans Le JDD le 11 février. "Je l’ai dit. Je n’ai pas changé d’avis", affirmait-il alors. Une posture morale qui collait parfaitement à ses attaques contre Nicolas Sarkozy durant la primaire, à base de "qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?".
Depuis, le candidat de la droite a adapté sa stratégie judiciaire, contestant la légalité de l'enquête du PNF et expliquant qu'il ne "voyait pas comment" il pourrait être mis en examen sur la base de ces investigations. Ou comment préparer les esprits à ce reniement flagrant.
D'ailleurs, les proches du candidat s'en chargent également dans les médias, à l'instar de son porte-parole Damien Abad, sur RMC ce vendredi :
"Ce qu'a dit François #Fillon, c'est qu'il ira jusqu'au bout car ce n'est pas à la justice de décider" @RMCinfo#BourdinDirect
— Damien Abad (@damienabad) 17 février 2017
Sur LCI ce vendredi, le principal porte-parole de François Fillon, Thierry Solère, s'est d'abord fait plus prudent, déclarant : "François Filon, il a joué le jeu de la justice. On l'a mis en cause par un article du Canard Enchaîné, il a répondu à toutes les questions. Vous avez vu hier ce qu'a dit le Parquet national financier, l'enquête continue. Donc moi j'ai pas de commentaire à faire sur ce sujet." Mais il a aussi ajouté :
"Il ira jusqu'au bout. François Fillon est candidat et il ira jusqu'au bout de cette élection. [...] En démocratie, est-ce que ça peut être autrement ?
"