Gros imbroglio autour d'une citation de Marine Le Pen traitant Fillon de "merde" dans la presse italienne

Publié à 15h48, le 05 mai 2017 , Modifié à 18h58, le 06 mai 2017

Gros imbroglio autour d'une citation de Marine Le Pen traitant Fillon de "merde" dans la presse italienne
Marine Le Pen © AFP

Marine Le Pen a-t-elle traité François Fillon de "merde" ? Difficile de comprendre autre chose de ses propos cités dans une interview au journal italien Corriere della Sera, vendredi 5 mai. Un entretien mené jeudi à Ennemain, dans la Somme, pour le dernier meeting de la candidate d'extrême droite avant le second tour de la présidentielle. Mais plusieurs cadres frontistes assurent que la-présidente-en-congé-du-FN n'a pas prononcé ces propos, tout en donnant des versions assez différentes de cette discussion. Et le journaliste Aldo Cazzullo maintient fermement sa version.

Voici le passage polémique en question :

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- Journaliste : Cependant, Fillon, invitant à voter pour votre adversaire [Emmanuel Macron], a parlé de la 'violence' et de l''intolérance' du Front National. Pourquoi ?



- Marine Le Pen bougonne. Elle cherche une expression, un raisonnement. Puis elle explose : Parce que ce sont des merdes. Excusez-moi mais je ne trouve pas d'autre mot.

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Rapidement, Frédéric Chatillon, très proche et sulfureux (ancien du GUD, il est mis en examen dans l'affaire du financement des campagnes du Front national) ami de Marine Le Pen, a publié plusieurs tweets en réponse à des journalistes français qui relayaient cette citation, assurant avoir participé à la conversation et avoir entendu la finaliste de la présidentielle dire "Fillon a appelé à voter Macron car il est dans la merde".

Frédéric Chatillon a aussi avancé qu'il s'agissait non pas d'une interview mais d'une "conversation décousue", "en français et sans traducteur".

Sauf que le directeur de campagne de Marine Le Pen donne une version assez différente de l'incident. Sur Twitter, David Rachline explique d'abord que le journaliste italien "avait mal compris et retranscrit les propos en cause", affirmant que celui-ci "confirme" cette méprise (ce qui n'est pas exact, voir plus loin).

Le sénateur-maire FN du Var ajoute, auprès du Monde :

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[Marine Le Pen] n’a jamais tenu ce style de propos [...]. J’ai assisté à la conversation, elle a parlé de 'trahison de ses électeurs'. Il a mal compris. De toute façon, on portera plainte pour diffamation. Une manip’de plus de fin de campagne.

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Contacté par Le Lab, David Rachline n'a pas donné suite. Mais dans l'une des deux versions pré-citées, le mot "merde" a donc bien été prononcé dans une phrase qui concernait Emmanuel Macron et François Fillon. Mais pas dans l'autre... Marine Le Pen ne s'est pour sa part pas prononcée à ce sujet. Le numéro 2 du Front national, Florian Philippot, a quant à lui dénoncé sur Twitter un acte de "désinformation" de la part des médias français qui avaient repris ces propos, assurant lui aussi que la version publiée par le Corriere della Sera a été "démenti[e] par le journaliste lui-même" :

Pourtant, le journaliste italien Aldo Cazullo, contacté par franceinfo:, "confirme" la teneur du propos rapporté. Il dit :

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Je confirme ce que j'ai écrit, c'était 'merdes' au pluriel, mais elle pensait sûrement à François Fillon, et pas à l'entourage, au parti ou aux électeurs. Je ne veux pas entrer dans la polémique française. Je ne cherche pas à jouer un rôle.

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Il le répète auprès de l'AFP : "Je ne peux que confirmer ce que j'ai écrit. Elle a dit : 'Ce sont des merdes'. J'ai fait mon travail". "Elle parlait de François Fillon, pas de ses électeurs", a-t-il assuré. Ce que le compte Twitter du Corriere della Sera a également relayé, rediffusant son interview de Marine Le Pen :

Selon le journaliste de l'AFP chargé du suivi du Front national, le parti annonce porter plainte dans cette affaire :

Du rab sur le Lab

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