L’ampleur des révélations de harcèlement et agressions sexuelles pose une question récurrente : si le phénomène était aussi répandu, pourquoi n’a-t-on pas su plus tôt ? Surtout, a-t-on muselé la parole des femmes ? A-t-on vraiment cherché à les entendre ? Ou leurs témoignages ont-ils au contraire été étouffés au nom d’un "corporatisme" ? C’est ce que cherche à savoir Laurence Rossignol à propos de l’affaire Thierry Marchal-Beck qui secoue le Parti socialiste .
Sur LCP ce vendredi 17 novembre, la sénatrice socialiste qui a occupé la fonction de secrétaire nationale aux droits des femmes réclame une "enquête interne" concernant l'ancien président du Mouvement des jeunes socialistes. Elle déclare :
"Ce qui m’a énormément troublée dans cette affaire, c’est que j’ai occupé des fonctions, je suis identifiée dans mon parti comme étant protectrice des femmes. Comment est-ce possible que ce ne soit jamais remonté jusqu’à mes oreilles ? [...] Comment est-ce possible qu’un individu soumette des femmes autour de lui, qu’elles conservent ça pour elles-mêmes ou que ceux à qui elles en parlent ne puissent pas régler [le problème] ? Il y a un problème qui est une espèce de corporatisme.
"
Des personnes ont-elles couvert les agissements de Thierry Marchal-Beck ? "C’est ce que je veux savoir", répond Laurence Rossignol. "Je ne dirais pas 'couvert'. Je pense qu’il y a des gens qui n’ont pas mesuré, qui n’ont pas su comment faire", poursuit l’ancienne ministre aux Droits des femmes. Elle assure vouloir faire en sorte "que ça ne se reproduise pas, chez nous et chez les autres".
Mardi, Libération a publié les témoignages de huit femmes accusant Thierry Marchal-Beck de harcèlement et d'agressions sexuelles. Le journal affirme avoir pu recenser "au moins quatre cas supplémentaires". Le modus operandi que ces femmes décrivent est souvent le même : l'agresseur les plaque contre le mur, tente de les embrasser, glisse sa main sous leur T-shirt ou leur jupe. L'une d'elle affirme que "TMB" a tenté de lui imposer une fellation, une autre qu'il lui a malaxé les seins par surprise, en public. "Il n'était pas entreprenant, simplement violent", affirme une troisième. L’ex-président du MJS aurait agi de 2010 à 2014, parfois en public, et "beaucoup de cadres connaissaient son comportement", selon le quotidien.
Au PS, le député Régis Juanico et l’actuel président du MJS Benjamin Lucas font partie des cadres qui se sont dit "révulsés" par ces révélations.
La secrétaire nationale du PS Rita Maalouf, en charge des droits des femmes, a souhaité que soit mise en place une cellule d'écoute au sein du parti, ainsi qu’une formation obligatoire sur ces questions pour les militants, les cadres et les élus" du parti. Elle entend à l'avenir que "le harcèlement soit un motif d'exclusion".