La malhonnêteté de Nicolas Sarkozy qui suggère qu'Alain Juppé veut faire des "accommodements raisonnables avec les extrémistes"

Publié à 11h16, le 13 septembre 2016 , Modifié à 12h12, le 13 septembre 2016

La malhonnêteté de Nicolas Sarkozy qui suggère qu'Alain Juppé veut faire des "accommodements raisonnables avec les extrémistes"
Nicolas Sarkozy et Alain Juppé © JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Tous les coups semblent permis dans cette primaire de la droite. Certains n'hésitent pas, par exemple, à prendre de larges libertés avec les propos de leurs rivaux. Alain Juppé est plutôt bien placé pour le savoir. Le favori des sondages en prend régulièrement pour son grade, notamment depuis qu'il a fait de "l'identité heureuse" un objectif à atteindre pour la France. Nouvel exemple lundi 12 septembre, lors d'un meeting à Provins, en Seine-et-Marne. Nicolas Sarkozy a lancé ceci depuis la tribune, selon plusieurs médias :

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Je voudrais en finir une bonne fois pour toute avec cette idée folle que tout mérite d’être respecté avec la même considération. Je n’accepte pas les accommodements prétendus raisonnables avec les extrémistes.

 

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Tiens, tiens. Mais qui Nicolas Sarkozy peut-il bien vouloir viserlorsqu'il parle d"'accommodements prétendument raisonnables avec les extrémistes" ? Alain Juppé évidemment. Car cette formule d'"accommodements raisonnables" a été utilisée par l'ancien Premier ministre, notamment lors d'un précédent débat sur les menus de substitution à la cantine. "Ne tombons pas dans l'extrémisme et dans la stigmatisation systématique. Il existe des accommodements raisonnables", avait déclaré en 2015 le maire de Bordeaux .

L'"accommodement raisonnable" est une notion juridique permettant l'assouplissement d'une norme afin de lutter contre une discrimination. On la trouve essentiellement au Canada, où Alain Juppé a vécu après sa condamnation en 2004 dans l'affaire des emplois fictifs de la maire de Paris. Mais ce qui est compris au Canada ne l'est pas forcément en France. 

L'ancien Premier ministre a pu parler d'"accommodements raisonnables" même si, aujourd'hui, il se défend d'avoir préconisé de telles mesures. Fin août 2016, interrogé par Le Figaro , il disait :

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Je n'ai jamais préconisé d''accommodements raisonnables', c'est un terme que je ne fais pas mien. En revanche, pourquoi pas un peu d'intelligence et de bon sens ? Par exemple, et tous les maires le savent : la liberté de choix à la cantine entre différents menus, viande, poisson, végétarien, est un 'accommodement raisonnable' comme vous dites, qui permet d'apaiser complètement les choses, sans jeter inutilement de l'huile sur le feu. Il n'est pas question en revanche d'y introduire des menus préparés selon tel ou tel rite religieux. Ce serait contraire à notre principe de laïcité.

 

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Alain Juppé se défend de préconiser des "accommodements raisonnables", encore moins avec "des extrémistes", comme semble l'expliquer Nicolas Sarkozy. Tous les médias présents à Provins ont bien noté que cette attaque de l'ex-Président visait bien Alain Juppé. Nicolas Sarkozy laisse donc entendre que celui-ci est favorable à des arrangements avec des "extrémistes". Ce qui a priori n'est pas vraiment le cas.

Cela fait écho à un angle d'attaque similaire, développé cette fois par l'extrême droite. Sur internet, plusieurs sites de la fachosphère présentent le candidat à la primaire sous le nom d'"Ali Juppé" et le décrivent comme "le grand mufti de Bordeaux". On l'accuse par exemple d'avoir "financé à hauteur de 20 millions une gigantesque mosquée dans Bordeaux", avait-il expliqué fin août lors du Grand Rendez-Vous . "Celui qui la trouve, je lui offre une caisse de champagne. Elle n'existe pas", avait-il rétorqué.

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