L’argumentaire en cinq points d’Olivier Faure, porte-parole du PS, contre la déchéance de nationalité

Publié à 11h12, le 30 décembre 2015 , Modifié à 11h16, le 30 décembre 2015

L’argumentaire en cinq points d’Olivier Faure, porte-parole du PS, contre la déchéance de nationalité
Olivier Faure, le 28 avril 2014 © © PIERRE ANDRIEU / AFP

T’AS TOUT FAUX FRANÇOIS - L’exécutif veut une mesure symbolique pour lutter contre le terrorisme, mais son camp est quasi-unanimement contre. Et ce mercredi 30 décembre, c’est Olivier Faure, député PS, vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée et porte-parole du parti, qui explique au micro de RTL que l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français est tout simplement… "un contre-sens". Et pour ce faire, il a établi un véritable réquisitoire en cinq points contre cette mesure.

"C’est vrai que les symboles, c’est important, mais cette mesure qui a l’apparence du bon sens est un contre-sens", assène-t-il d’abord. Avant de dérouler, d’une traite :

1/ La déchéance de nationalité ne dissuade pas ;

2/ Dans le panthéon particulier des djihadistes, c’est une reconnaissance glorieuse du combat des djihadistes

3/ Daech instrumentalisera vraisemblablement cette décision pour aller chercher les plus fragiles des Français qui peuvent se sentir citoyens de seconde zone par ce canal ;

4/ C’est une dénaturation de la coopération antiterroriste qu’il faut souhaiter entre les différents pays qui luttent aujourd’hui contre Daech puisque c’est en gros dire que la france considère que, quand un terroriste né sur son propre sol a une double nationalité, eh bien, on renvoie la responsabilité du terrorisme à ce pays-tiers. Et je rappelle que la déchéance de nationalité était jusqu’ici utilisée en réalité pour des gens qui avaient commis un acte de trahison contre la France, mais au profit de leur autre nationalité. Ce qui n’est pas le cas ici puisque si vous avez un Franco-Marocain par exemple qui devient un terroriste, le Maroc n’y est absolument pour rien ;

5/ On crée un lien explicite entre terrorisme et immigration, ce qui évidemment n’est pas nécessaire.

Les mauvais esprits y verront une sorte de réponse, en creux, à l’argumentaire en faveur de la déchéance de nationalité envoyé à tous les parlementaires socialistes avant les fêtes et que Le Lab avait révélé. Voilà en tout cas celui qui est censé porter la parole officielle de Solférino (et de l’exécutif, par extension) en train de dézinguer gaiement un projet jugé fondamental par Hollande et Valls.

Il faut dire que parmi les élus socialistes, nombreux sont ceux qui sont prêts à ne pas voter l’extension de la déchéance de nationalité. D’ailleurs, même si 86 % des citoyens sont favorables à cette disposition selon un sondage, Olivier Faure pense que la majorité requise des 3/5e pour modifier la Constitution ne sera pas atteinte au Parlement.

[BONUS TRACK]

Manuel Valls a-t-il "envoûté" François Hollande, qui a lui-même proposé cette mesure qui crispe la gauche lors du Congrès réuni à Versailles après les attentats du 13 novembre ?

Réponse d’Olivier Faure :

"Je ne pense pas qu’on puisse facilement envoûter François Hollande. C’est un esprit libre, indépendant parfois surprenant."

Du rab sur le Lab

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