"J’espère que l’on n’apprendra pas que vous avez eu un compte offshore aux Bahamas..." Attaqué par Emmanuel Macron sur ses ennuis judiciaires lors du débat d’entre-deux-tours, Marine Le Pen a contre-attaqué en évoquant de manière surprenante la possibilité de voir émerger une polémique autour d’un compte caché de l’ancien ministre de l’Economie. A 48 heures de la fin de la campagne officielle.
Des accusations à peine voilées et formulées sous forme de question par les proches de la candidate FN ce jeudi 4 mai. "Je ne sais pas il y a deux sites américains aujourd’hui qui parlent d’une évasion fiscale de monsieur Macron, on verra ce que c’est. Surement que ça sortira aujourd’hui", renchérit Louis Aliot, vice-président du FN sur Europe 1 dans une phrase antithétique. Marine Le Pen elle-même, sur BFMTV, s’est naïvement interrogée :
"Est-ce qu’on va découvrir des choses peut-être trop tard qui concernent Emmanuel Macron ? J’ai posé la question à Emmanuel Macron. On n’a pas même plus le droit de lui poser des questions ?
"
Dès le débat, un journaliste de la RTBF avait publié un tweet évoquant une fake news aux possibles origines russe :
Ok donc la fake news sur le compte de Macron au Bahamas , on peut dire sans trop se tromper, que c'est by the Russians #2017LeDebatpic.twitter.com/iyCLDzTsth
— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) 3 mai 2017
Un tweet relayé par le camp Macron qui a répliqué dès 6h du matin ce jeudi, dénonçant un lien entre Marine Le Pen et une tentative de déstabilisation du candidat d’En Marche à propos d’un éventuel compte offshore. Dans un document détaillé de trois pages, l’entourage du candidat évoque une "manipulation" lancée à 19h, soit deux heures avant le début du débat. "Un faux grossier", selon eux.
[Edit] Au JT de France 2 ce jeudi soir, Emmanuel Macron a assuré qu'il n'avait "jamais eu un compte dans un paradis offshore", ajoutant que "les sites d'où cela sort montrent qu'il s'agit bien d'une attaque politique".
D'une publication anonyme sur le forum "4chan" à la reprise en direct lors du débat télévisé par Marine Le Pen, "l'information" aurait circulé sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, relayée par des soutiens de Donald Trump, puis s'est retrouvée "dans la sphère d'influence de comptes associés, en France, à Sputnik et à RussiaToday", affirme En Marche!
Pour le camp Macron, le fait que Marine Le Pen ait évoqué cette "affaire" pendant qu’elle se diffusait prouve son lien avec cette tentative de désinformation. "En anticipant sur cette opération par la référence à peine voilée qu’elle y fait au terme d’un débat l’ayant vu épuiser une par une les attaques ad hominem à l’encontre d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen a commis l ‘erreur insigne de se relier à cette manœuvre", écrivent-ils avant d’annoncer qu’ils portaient plainte :
"Il va de soi que toutes les suites judiciaires requises seront données à cette manœuvre et sont d'ores et déjà diligentées.
"
Selon Franceinfo:, une plainte a bien été déposée pour "faux et usage de faux" ainsi que "propagation de fausse nouvelle destinée à avoir une influence sur le scrutin" .
Interrogé par le Lab, Wallerand de Saint Just, président du groupe FN au conseil régional d'Ile-de-France, s'est félicité que la justice soit saisie. "C'est très bien qu'une plainte soit déposée, ça va permettre de parler de l'affaire", estime celui qui est également trésorier du FN.
Mais cette manœuvre ne les a pas surpris. Le 17 avril, à quelques jours du premier tour, Emmanuel Macron lui-même, sur BFMTV, prévenait que ses "adversaires" allaient diffuser une fausse rumeur sur "un compte caché dans un paradis fiscal" . Voyant.