Le FN veut mettre toutes les chances de son côté dans la bataille du Vaucluse, un département où la victoire dimanche 29 mars est une "hypothèse crédible", dixit Marine Le Pen. Une perspective qui vaut bien quelques concessions au frère ennemi de la Ligue du Sud, mouvement local d’extrême-droite dirigé par l’ex-frontiste et maire d’Orange Jacques Bompard.
Ainsi le Front national a-t-il décidé ce mardi 24 mars de retirer l’un de ses binômes dans le canton de Bollène (commune dont la maire n’est autre que Marie-Claude Bompard, l’épouse de Jacques Bompard). Arrivés troisièmes au premier tour (30,9% des voix), les candidats FN laisseront donc face à face ceux de la Ligue du Sud (classés seconds, à 32,7%) et ceux de l’Union de la Gauche (en tête, à 36,5%).
Et en échange ? Eh bien, en échange, rien. Au grand dam du FN et de sa représentante dans le département, la députée Marion Maréchal-Le Pen, qui a tenté de négocier des accords sitôt le premier tour passé. Dans un communiqué publié ce mardi après-midi, la nièce de Marine Le Pen indique, dépitée, que Jacques Bompard a rejeté son deal : retrait des candidats FN à Bollène contre désistement du binôme de la Ligue du Sud à Orange (arrivé deuxième, derrière le Front national).
Tout juste Bompard s’est-il contenté de promettre le soutien de sa formation au FN sur l’ensemble du département (à l’exception d’Orange donc), selon un journaliste de L’Express :
Dernier mvt: Jacques Bompard (Ligue du Sud) dit qu'il soutient le FN ds tous les cantons, hors Orange, si le FN retire son binôme à Bollène
— Alex Sulzer (@Alexsulzer) 24 Mars 2015
En mangeant son chapeau à Bollène, le mouvement frontiste maximise toutefois ses chances de battre la gauche et de constituer une majorité au conseil départemental. À condition que le patron de la Ligue du Sud tienne parole, comme semble s’en inquiéter Marion Maréchal-Le Pen dans son communiqué :
"Je souhaite également qu’en cas d’élection du binôme de la Ligue du sud à Bollène, ce dernier mesure que cette victoire sera le fait d’une grand partie des électeurs du Front national. et qu’en conséquence ces élus agiront loyalement à leur égard au conseil général.
"
Entre le Front national et la Ligue du Sud, les relations sont électriques. Outre les questions de personnes (Jacques Bompard et Jean-Marie Le Pen ont rompu brutalement en 2005), les divergences de ligne entre une Ligue du Sud d’inspiration plutôt identitaire et un FN dédiabolisé version Marine Le Pen, les sénatoriales de septembre 2014 ont laissé des traces.
Selon Le Monde, Marion Maréchal-Le Pen avait alors accusé le couple Bompard d’avoir fait perdre un siège de sénateur au Front national à cause de la "candidature parasite" de madame.