Les déceptions de l'éducation version Hollande

Publié à 17h09, le 11 octobre 2012 , Modifié à 17h11, le 11 octobre 2012

Les déceptions de l'éducation version Hollande
François Hollande, le 9 octobre 2012. (Maxppp)

Notre blogeuse Delphine Dumont revient sur le discours de François Hollande, consacré à l'éducation, prononcé mardi 9 octobre à La Sorbonne. 

Et énumère ses déceptions : sur le rythme scolaire, d'une part, la notation, d'autre part et le rôle de l'école, enfin.

  1. "Pas de révolution en vue dans l'Éducation nationale"

    Mardi 9 octobre, le Président de la République a prononcé ce qui était annoncé comme un important discours sur l'éducation. Il était donc légitime d'attendre des mesures majeures face à la situation désastreuse de notre école.

    Caramba ! Encore raté ! Pas de révolution en vue dans l'Éducation nationale, que des mesurettes. Trois points m'ont particulièrement intéressée.

    1. Les rythmes scolaires

    Selon les chronobiologistes, le meilleur rythme scolaire pour l'enfant est celui de 4,5 journées par semaine. Leurs recommandations me font penser à celles des pédiatres pour le couchage des nourrissons. On est passé alternativement de la position ventrale à la dorsale, et inversement, sans que l'autorité des prescripteurs ne soit remise en cause. Il est donc possible que, dans quelques années, on recommande soudain la semaine de 4 jours.

    De plus, on constatera que ce rythme reste le meilleur quel que soit le choix de la demie-journée supplémentaire. Il y a pourtant une grande différence à ajouter le mercredi matin ou le samedi matin. Les enfants ont sans doute la citoyenneté assez développée pour ne pas la ramener avec leurs rythmes chronobiologiques dans la cuisine municipale.

    Pour plus d'arguments en défaveur du retour à la semaine de 4,5 jours, je vous invite à lire ce très bon billet d'une avocate mère de famille.

    2. Les notes

    À ce sujet, François Hollande a déclaré : "Sur la notation, dont l'objet - précieux, nécessaire - est d'indiquer un niveau plutôt que de sanctionner un élève".

    Pour commencer, je m'étonne que le Président considère que les enseignants ont plus à cœur de nuire à leurs élèves que de les aider à s'améliorer. À part peut-être une poignée de personnes déséquilibrées, je pense que les professeurs notent en fonction de la qualité du devoir rendu et non pas pour blesser les enfants.

    Ce passage était donc superflu, à moins que François Hollande demande aux enseignants de ne pas noter l'exactitude des réponses, mais d'œuvrer à l'illusion d'une amélioration de l'efficacité de l'école. Un peu comme quand on abaisse le niveau du bac ou qu'on limite les redoublements...

    3. Le rôle de l'école

    C'est probablement le point qui m'a le plus interpellée. Je cite le passage : "La première vocation de l'école c'est de transmettre un savoir, une connaissance, mais c'est aussi de donner le goût d'apprendre, d'éveiller à la culture et de cultiver aussi l'esprit civique. Bref, son rôle est de parvenir, génération après génération, à conforter la Nation".

    Je ne suis pas d'accord, c'est à l'État de conforter la Nation, pas à l'une de ses institutions. Pourquoi serait-ce le rôle de l'école et non celui de l'hôpital ou des bibliothèques publiques ? L'école est là pour enseigner et c'est un rôle suffisamment conséquent pour ne pas en rajouter.

    En conclusion, je n'attendais rien de ce discours, mais il a quand même réussi à me décevoir. On y retrouve les poncifs de gauche, ô combien dépassés pourtant, sans y trouver le souffle nécessaire qu'attendent parents et enseignants. On s'attarde sur les détails sans réfléchir à l'école dans son ensemble, ni examiner ce dont se plaignent professeurs, parents et élèves.

    Le changement, ce n'est toujours pas pour maintenant. 

Du rab sur le Lab

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