L'intox de Marion Maréchal-Le Pen sur l'islamiste Djamel Beghal "caché dans le fin fond du Cantal" à cause de la Cour européenne des droits de l'homme

Publié à 10h40, le 09 février 2016 , Modifié à 11h00, le 09 février 2016

L'intox de Marion Maréchal-Le Pen sur l'islamiste Djamel Beghal "caché dans le fin fond du Cantal" à cause de la Cour européenne des droits de l'homme
Marion Maréchal-Le Pen © Captures d'écran BFMTV

Marion Maréchal-Le Pen ne votera pas la réforme de la Constitution. La déchéance de nationalité telle qu'elle se présente dans le texte final ne lui convient pas. L'élue frontiste voudrait voir, comme d'autres dans son camp, le périmètre de cette déchéance élargi.

Mais, comme beaucoup de Français, la députée FN du Vaucluse en a aussi un peu marre de ce sujet, considérant qu'il éclipse tous les autres dossiers. Invitée ce mardi 9 février sur BFMTV, Marion Maréchal-Le Pen regrette qu'on ne parle pas, par exemple, "de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme qui nous interdit aujourd'hui d'expulser des Français déchus de leur nationalité et condamnés pour terrorisme".

Pour étayer ses propos, l'élue frontiste prend un exemple marquant : le cas de l'islamiste proche de Chérif Kouachi et d'Amedy Coulibaly, Djamel Beghal.

Elle dit :

"

Djamel Beghal, qui a été déchu de sa nationalité, un franco-algérien, aujourd'hui caché dans le fin fond du Cantal parce que la Cour européenne nous a interdit de l'expulser suite à sa condamnation pour terrorisme.

 

"

L'image est marquante : un homme condamné à deux reprises, la première pour avoir planifié un attentat, la seconde pour avoir voulu faire s'évader de prison l'un des terroristes de l'attentat du RER C de 1995, vivrait paisiblement en Auvergne. De quoi irriter sérieusement l'opinion publique.

Et tout ce que dit Marion Maréchal-Le Pen est vrai. Du moins jusqu'en 2010. Car non, Djamel Beghal ne vit pas aujourd'hui "caché dans le fin fond du Cantal parce que la Cour européenne nous a interdit de l'expulser suite à sa condamnation pour terrorisme".

Depuis 2014, Djamel Beghal est incarcéré au centre pénitentiaire de Rennes-Vezin. Il y purge une peine de 10 ans de prison pour avoir planifié l'évasion du terroriste Smaïn Aït Ali Belkacem. En septembre 2015, il a même vu sa peine rallongée de quatre mois pour avoir utilisé un téléphone portable dans sa cellule .

L'évocation du Cantal par Marion Maréchal-Le Pen ne sort tout de même pas de nulle part. Condamné en 2005 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste dans le cadre d'un projet d'attentat contre l'ambassade des Etats-Unis, Djamel Beghal a été libéré en mai 2009 puis placé en résidence surveillée dans un hôtel de Murat, dans le Cantal. Amedy Coulibaly et Cherif Kouachi lui ont plusieurs fois rendu visite.

Djamel Beghal a également été déchu de sa nationalité française, acquise par mariage, en 2006. Un arrêté d'expulsion a également été pris à son encontre en 2007. Mais il a pu rester en France à sa sortie de prison en 2009. L'homme avait déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), invoquant "des risques de traitements inhumains et dégradants" s'il retournait en Algérie. La CEDH avait alors recommandé à la France de suspendre l'expulsion pendant l'instruction de cette requête.

Mais, contrairement à ce que déclare Marion Maréchal-Le Pen, ce n'est pas la CEDH qui a empêché l'extradition Djamel Beghal. C'est un jugement français. En juin 2009, le Conseil d'État a suspendu cette expulsion, considérant que celle-ci "constituerait une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale", à savoir pour Djamel Beghal de voir son cas instruit par la CEDH.

Djamel Beghal était sur le tarmac d'Orly et s'apprêtait à s'envoler pour l'Algérie lorsqu'il a appris la décision du Conseil d'État. Mois d'un an plus tard, il était arrêté avec Amedy Coulibaly dans le cadre du projet d'évasion du terroriste Smaïn Aït Ali Belkacem.

En 2011, la CEDH a rendu sa décision , estimant que la question de l'expulsion de Djamel Beghal ne se posera pas avant la fin de sa peine : en 2022.

 

[BONUS TRACK] La djellaba c'est sympa

Étonnant échange que celui opéré, ce mardi, entre Jean-Jacques Bourdin et Marion Maréchal-Le Pen qui répétait, en décembre dernier, que la France "n'est pas une terre d'islam" et que, en France, "on ne vit pas en djellaba, on ne vit pas en voile intégral" .

En ce début de mois février, Jean-Jacques Bourdin revient sur ces propos.

Voici l'échange, un brin surréaliste :

"

-          Jacques Bourdin : Chez nous, on ne vit pas en djellaba, même chez soi ?



-          Marion Maréchal-Le Pen : Oui, je le souhaiterais.



-          Jean-Jacques Bourdin : Vous savez que c'est très agréable de porter la djellaba.



-          Marion Maréchal-Le Pen : Je me doute que c'est aéré : quand il fait chaud ça doit être agréable. Mais lorsqu'on arrive dans un pays, on en respecte…



-          Jean-Jacques Bourdin : Ou des babouches…



-          Marion Maréchal-Le Pen: … pas seulement les lois. On en respecte aussi les mœurs, la tradition, le mode de vie.

"

Un instant découpé par le Lab à voir ci-dessous en vidéo : 



Du rab sur le Lab

PlusPlus