Et de deux recadrages. Laurent Fabius, ancien locataire de Bercy du gouvernement Jospin, actuel ministre des Affaires étrangères, a de nouveau forcé, ce mardi 19 février, Bercy à démentir ses annonces sur les grands agrégats économiques.
A chaque fois, le scénario est rigoureusement identique. Laurent Fabius est invité d'une émission matinale très matinale, où il lâche des qualificatifs, voire des annonces chiffrées, sur des résultats économiques de la France … donnant lieu à démenti plus ou moins immédiat, et plus ou moins appuyé, de Bercy.
Episode 1 : mercredi 13 février, sur les 3% de déficit
Invité de l’interview politique de Canal Plus, qui se déroule à 7h45, Laurent Fabius juge "probable" que la France ne respectera pas son engagement de maintien du déficit en-dessous des 3% pour 2013.
Le ministre des Affaires étrangères, s’il ne commet pas là d’erreur factuelle, ne respecte pas vraiment les éléments de langage made in Bercy pourtant récités à l’unisson - erreurs comprises– par Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac, invités le même jour de France Info et France Inter.
Au cours de ces interviews, qui se déroulent à 8h20, les propos de Laurent Fabius, qui ont été relayés par les agences de presse avec des qualificatifs "urgents", sont évoqués, et atténués.
Episode 2 : mardi 19 février, sur la croissance
Invité de l’interview politique de Jean-Michel Aphatie, sur RTL, à 7h50, Laurent Fabius va nettement plus loin.
"Il y avait une prévision de croissance qui était au départ de 1,2. Ensuite, elle a été revue à 0,8 et maintenant comme au niveau de l'Europe, les choses n'ont pas l'air d'aller d'une manière bien fameuse, on va être obligé de la revoir en baisse.
"
Et, au journaliste qui avançait l'hypothèse de 0,2-0,3%, le ministre répond :
"C'est autour de ce chiffre.
"
Cette fois, aucun des poids lourds de Bercy n’était présent pour réagir sur les plateaux des matinales – Fleur Pellerin, à 8h20, sur France Inter, et Benoît Hamon, sur France Info, à 8h15, n’ont pas été interrogés sur la question.
Résultat : le démenti opposé par Bercy dans la matinée par des déclarations à l’AFP … n’en apparaît que plus glacial et cinglant.
"Comme le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, l'a répété à plusieurs reprises, la prévision de croissance pour 2013 en France n'est pas encore arrêtée car il y a une procédure.
"
Une impression de cacophonie que Jean-Marc Ayrault tentera de dissiper...