FILLE DE - Au Front national, les histoires de famille peuvent parfois légèrement compliquer les choses. Comme lorsque le règlement d'une grosse crise interne se voit ralenti par le fait que les deux principaux protagonistes s'avèrent être père et fille - respectivement président d'honneur et présidente du parti, de surcroît. Mais il faut bien le reconnaître : posséder le patronyme Le Pen n'est pas franchement un désavantage dans les rangs frontistes.
C'est Marine Le Pen elle-même qui l'explique, dans un documentaire diffusé ce dimanche 26 avril au soir sur France 5, intitulé Sexisme en politique : un mal dominant. Hériter de ce nom a été "incontestablement une grande chance", affirme-t-elle notamment.
Alors disons-le tout de suite, la présidente du FN n'admet pas ici qu'être "fille de" lui a ouvert les portes de Nanterre. Cela aurait été surprenant de sa part puisqu'elle affirmait strictement l'inverse à Paris Match, pas plus tard qu'il y a cinq jours :
"J'ai été élue deux fois. Si j’avais été un âne bâté appelé Le Pen, je n’aurais pas été réélue avec 100% des voix, il ne faut pas prendre les gens pour des idiots.
"
Non, cette "chance de s'appeler Le Pen", c'est pour l'eurodéputée d'avoir connu les ficelles et "les coins sombres" de la politique avant d'y entrer de plein pied. Elle dit :
"Quand vous êtes né dedans, vous arrivez beaucoup plus armé dans la politique. Car vous n'êtes pas illusionné par l'aspect peut-être brillant du pouvoir, vous en connaissez les détours, les coins sombres, les violences, les brutalités. [...] Le fait de m'appeler Le Pen, ça a été pour moi incontestablement une grande chance. Il y a cette formation continue, qui a été celle que j'ai vécue auprès de lui [Jean-Marie Le Pen, ndlr].
M'a-t-il vraiment appris des choses ? Non mais il était, il était et donc je voyais comment ça se passait.
"
Une déclaration à revoir dans cette vidéo isolée par BFMTV :
Ce n'est peut-être pas voulu, mais ces explications collent assez bien avec l'argumentation du Front national, qui enterre Jean-Marie Le Pen "la mort dans l'âme" et reconnaissant de tout ce qu'il a apporté au mouvement.
Pour le reste, Marine Le Pen trouve surtout que le petit côté "dynastique" du FN n'est pas sans faire penser aux Kennedy. Plus franchouillard, Jean-Marie Le Pen y voit lui une certaine ressemblance avec d'autres familles engagées en politique, comme les de Gaulle ou les Dassault.
D'autres, au sein du parti, considèrent volontiers que ce fameux nom de famille a d'autres avantages que celui de former la jeunesse. Lors du congrès du FN en novembre, Marion Maréchal – Le Pen était arrivée en tête de l'élection au comité central du parti, loin devant Florian Phillipot, bon quatrième. "Je n'ai pas ce coup de pouce de m'appeler Le Pen, qui reste indéniablement un coup de pouce", avait alors commenté le vice-président du FN.
Vu l'état de ses relations avec "le Menhir", on doute cependant que Florian Philippot aurait apprécié la "grande chance" qu'a visiblement été, pour les Le Pen, le fait de côtoyer pendant des années le fondateur du FN.
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