Non, Nicolas Sarkozy n'a pas récolté deux millions de "likes" sur Facebook

Publié à 12h12, le 14 avril 2014 , Modifié à 12h29, le 14 avril 2014

Non, Nicolas Sarkozy n'a pas récolté deux millions de "likes" sur Facebook
Nicolas Sarkozy au Parc des Princes, le 2 avril 2014 (photo MaxPPP)

REACHER N'EST PAS LIKER - Nicolas Sarkozy, cité entre guillemets par Le Parisien, dans son édition du lundi 14 avril, se rengorge des bonnes performances d'audience enregistrées par la tribune qu'il a publiée, dans Le Figaro, le jeudi 20 mars (en ligne) et le vendredi 21 mars (à la une du quotidien papier).

Plus précisément encore, au-delà des chiffres de vente de l'édition papier du Figaro, l'ancien chef de l'Etat se félicite également, selon les deux journalistes du Parisien qui signent l'article, des performances de sa tribune en ligne

Voilà ce qu'ils écrivent : 

Il faut entendre l'ex-président égrener, de mémoire, les scores du quotidien ce jour-là : "122 % de ventes en plus ! 355 000 visiteurs payants sur le site ! Deux millions de mentions j'aime sur Facebook !"

Sauf qu'il y a un problème : ce chiffre de "deux millions de mentions j'aime" que s'attribue Nicolas Sarkozy est totalement faux.

On vous explique tout.

# LA MOITIE D'OBAMA ?

Au Lab, ce chiffre nous a rapidement étonnés : en ligne, un contenu politique qui génère deux millions d'interactions, c'est tout simplement ... énorme.

Pour vous donner une idée, lorsque Barack Obama a annoncé sa réélection, en novembre 2012, sur Twitter et Facebook, il récoltait alors 4 millions de likes.

L'idée qu'avec la publication d'une tribune rédigée en français, sur une affaire franco-française, Nicolas Sarkozy génère la moitié des likes recueillis à l'époque par Barack Obama sur une publication, rédigée en langue anglaise, et de portée mondiale, paraît pour le moins étonnante.


# L'EVALUATION DU LAB

Alors, quelle est la portée réelle de la tribune de Nicolas Sarkozy sur les réseaux sociaux ?

Pour le déterminer, le Lab a pris en compte plusieurs lieux où la tribune a été partagée, et, plutôt généreux, nous avons agrégé la totalité des interactions engendrées par l'article : "likes" ou partages sur Facebook, retweets, mise en favoris, ou mention de l'URL sur Twitter.

Et ce qui est pratique avec le web, c'est que ces données sont toutes publiques.

Deux acteurs principaux ont été à l'origine de la diffusion du contenu : Nicolas Sarkozy lui-même, et Le Figaro.

Dans le détail, on a donc

Sur la page article du Figaro, un peu plus de 15.000 interactions


Sur la page Facebook du Figaro, un peu moins de 4.000 interactions :


Environ 250 interactions depuis le compte Twitter du Figaro :


Sur l'une des deux pages Facebook de Nicolas Sarkozy, sur laquelle Nicolas Sarkozy a publié l'intégralité de la tribune, on relève un peu moins de 35.000 interactions :

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Sur l'autre, environ 87.000 interactions :


Et, enfin, sur le compte twitter de Nicolas Sarkozy, un peu moins de 1.500 interactions :


Au total, si l'on agrège les différentes possibilités de partages et d'interactions, on aboutit à un chiffre de 142.750 interactions - et encore avons-nous systématiquement arrondi systématiquement au supérieur, bien que ce chiffre comporte quelques doublons.

C'est assurément une excellente performance ... mais on est là en-dessous du dixième du chiffre cité par Nicolas Sarkozy.

# UNE ERREUR DU PARISIEN, ASSURE L'ENTOURAGE DE NICOLAS SARKOZY

Contacté par le Lab ce lundi 14 avril, l'entourage de Nicolas Sarkozy reconnaît une erreur.

Ce chiffre de "deux millions", c'est en fait le "reach" du partage sur Facebook depuis la page de Nicolas Sarkozy, autrement dit le nombre d'affichages de la publication sur Facebook, explique-t-on.

La différence est fondamentale : dans un cas, l'internaute a engagé une interaction avec le contenu, il l'a même "aimé" ; dans l'autre, il l'a simplement vu.

Côté "likes", l'entourage de Nicolas Sarkozy cite bien le chiffre de 69.000 petits pouces levés relevé par le Lab ici.

Alors, l'ancien chef de l'Etat s'est-il emmêlé les pinceaux dans les metrics du web social ?

L'entourage de Nicolas Sarkozy jure qu'il n'en n'est rien, et explique au Lab "qu'il s'agit d'une erreur du Parisien".

Du rab sur le Lab

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