Patrick Mennucci n'aime pas le mot islamophobie et préfère parler de racisme

Publié à 10h39, le 13 août 2013 , Modifié à 11h36, le 13 août 2013

Patrick Mennucci n'aime pas le mot islamophobie et préfère parler de racisme
(BFM TV)

Islamophobie. Le terme revient régulièrement dans les médias. Dernièrement, c'est le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, qui a considéré que le projet d'attentat d'un militaire contre une mosquée de Vénissieux témoignait d'un "climat d'islamophobie".

Mais l'utilisation de ce mot n'est pas partagée par tous. Sur BFM TV, Patrick Mennucci a évoqué ce mardi 13 août son scepticisme quant à l'usage de cette expression. Pour lui, il vaut mieux parler de racisme, un terme qui englobe davantage de cas : 

Je suis très sceptique sur le terme islamophobe. Il y a un terme employé traditionnellement c'est le racisme, et on est en train de remplacer le racisme par le mot islamophobe … 

(...) 

Tous les gens d'origine maghrebine ne sont pas des religieux, musulmans, il y a des gens qui sont agnostiques. Il ne faut pas enfermer tout le monde.

Une prise de position semblable à celle de Manuel Valls, exprimée dans une interview accordée au Nouvel Observateur le 31 juillet. Le ministre de l'Intérieur refuse aussi de parler d'islamophobie, expliquant que c'est une expression instrumentalisée par des personnes cherchant à annuler toute critique de l'islam et la renvoie à des intégristes iraniens : 

Sa genèse montre qu’il a été forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 1970 pour jeter l’opprobre sur les femmes qui se refusaient à porter le voile.

Pour Manuel Valls, l'utilisation de ce mot fait le jeu des salafistes :

Evidemment, le terme étant entré dans le langage courant, certains parlent "[d’]islamophobie" de bonne foi pour évoquer le racisme contre les arabo-musulmans. En revanche, d’autres, défenseurs d’un islam fondamentaliste –en particulier les salafistes – l’utilisent avec un objectif bien clair : empêcher toute critique de la religion et s’opposer aux principes de la République.

Sur le fond, Patrick Mennucci constate néanmoins une montée du racisme. Mais utiliser le mot islamophobie serait, d'après Patrick Mennucci, passer à côté de la réalité. D'un racisme qui touche en partie des gens d'origine maghrebine. 

- En même temps, je ressens une montée du racisme, je l'appelle comme ça. 

- Donc une islamophobie ?

- C'est une façon d'exprimer les choses que je ne ferai pas, ce n'est pas un mot qui correspond à la réalité. Ce qui correspond à la réalité, c'est qu'il y a du racisme. Ce racisme peut se tourner contre une mosquée, comme c'est le cas à Venissieux. 

Pour lui, le moyen de remédier à ce propos est essentiellement économique et social. Des difficultés naît le racisme dans la ville de Marseille selon le député :

La tension, je la sens, je fais tout pour l'apaiser. Ce que je dis en matière de développement économique de la ville, c'est un moyen d'apaisement. Quand tout le monde va à l'école, a un travail, ces questions n'existent plus. A Marseille la difficulté que nous avons c'est la difficulté de la situation économique et non pas de l'origine des gens.

BONUS-TRACK :

En revanche, sur le port du voile à l'université, Patrick Mennucci estime qu'il n'y a pas de problème. Tout comme la ministre de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso alors que Manuel Valls jugeait souhaitable "plus de cohérence".

Le foulard, y'a des gens qui se promènent avec le foulard en ville ils ont parfaitement le droit. A l'université il n'y a pas de problème. La conférence des présidents d'université l'a dit. Nous avons une loi, il faut la faire fonctionner. 

Du rab sur le Lab

PlusPlus