Manuel Valls a annoncé lundi 4 février l'abandon surprise par le gouvernement du projet de loi famille. Et ce mardi 5, c'est l'incompréhension dans les rangs des députés socialistes.
Résultat, le sujet a longuement été évoqué par les parlementaires socialistes lors de la réunion de groupe traditionnelle du mardi matin à l'Assemblée et, surtout, une réunion exceptionnelle sur ce sujet a été convoquée ce jour à 17 heures. Elle doit rassembler Bruno Le Roux et les députés ayant travaillé sur le sujet, comme Marie-Anne Chapdelaine, Bernard Roman ou Erwann Binet notamment.
D'après la voix officielle, incarnée ce mardi par Thierry Mandon lors du point presse du groupe socialiste : tout va bien. "Il y a une méthode, et une méthode qui nous va", a-t-il défendu. Le porte-parole du groupe socialiste a renvoyé la PMA à l'avis du Conseil consultatif national d'éthique, avec "un processus soutenu par le groupe socialiste".
"On a compris les raisons de ce choix", tranche le député socialiste qui explique tout de même que "le contenu de la loi famille, on y tient, ses dispositions seront mises en place, on trouvera les moyens de les faire aboutir", sans que cela ne concerne la PMA.
Un avis visiblement pas partagé par l'ensemble des députés. Annick Lepetit, autre porte-parole du groupe socialiste, estime ce mardi 4 février dans les couloirs de l'Assemblée qu'il "y a besoin de mieux comprendre".
Engagée sur cette question, et favorable à l'ouverture de la PMA aux couples de femmes homosexuelles, elle réclame des explications :
"On a besoin d’éclaircissements pour bien comprendre et bien peser cette décision. (...) Maintenant elle est prise, il faut savoir comment on rebondit pour ne pas laisser accréditer que ce serait la manifestation de dimanche qui aurait poussé le gouvernement à prendre cette décision.
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"Rien ne pressait à ce qu’il y ait une décision prise dans ce sens là", considère l'élue parisienne qui s'affiche surprise :
"Il y a un questionnement, une surprise dans la manière dont la journée d’hier s’est passée et la décision hier du Premier ministre. Je n’irai pas plus loin car je n’ai pas encore de réponse claire et nette. Peut-être qu’il y a d’autres éléments …
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Jérôme Guedj explique de son côté que "des parlementaires de la majorité ont exprimé leur étonnement et parfois leur agacement par rapport à un choix du gouvernement", ce mardi matin lors de la réunion de groupe. "Je suis un peu interloqué qu’on ait pu donner l’impression de renoncer aux dispositions qui sont attendues dans la loi famille", raconte le député de l'Essonne.
Et poursuit sur la journée de lundi, où il a été complexe de suivre les différentes prises de position :
"Hier heureusement qu’il y avait Twitter et les chaines d’info en continu pour être au fait de ce qu’il se passait. Ca fait partie de ces journées un peu tumultueuses dans le débat parlementaire.
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Lundi, Matignon a annoncé que ce projet repoussé à plusieurs reprises et pourtant vidé de volets potentiellement explosifs comme la procréation médicale assistée ne verrait pas le jour avant 2015 au plus tôt, voire à la fin du quinquennat, au grand dam des associations familiales.
Sur la réunion de groupe, le député PS Bernard Roman a parlé d'une "incompréhenson géénérale" et qualifié ces événements de "gifle" pour la majorité.
Pour la députée Cécile Untermaier, "c'est un mauvais signal parce qu'il ne faut pas reculer sur ces questions de famille, parce qu'il y a beaucoup de questions importantes à régler sur l'adoption, le divorce, la parentalité".
Selon son collègue Yann Galut, si le gouvernement a eu "raison de reculer", "ça fait mal au coeur". "On aurait dû tout passer dans la loi sur le mariage pour tous", estime-t-il.
De fait, en janvier 2013 , les élus PS avaient été invités par le premier ministre à ne pas aller trop loin sur cette question dans le projet de loi sur le mariage pour tous, avec, en contrepartie, l'assurance de voir cette question traitée dans la loi Famille.
De son côté, Bruno Le Roux a assuré que son groupe avancerait sur les sujets relatifs à la famille "en étroite concertation" avec le gouvernement, récusant l'idée d'un "coup de force du Parlement".
Et d'après Claude Bartolone, les propositions de loi socialistes sur la famille pourraient être examinées "au lendemain des élections municipales". Le président de l'Assemblée nationale s'est félicité de ces initiatives qui ne porteront pas sur la PMA mais sur des sujets qu'aurait abordé le projet de loi reporté sur la famille, comme le statut du beau-parent ou l'adoption.