Publié à 11h33, le 17 août 2017 , Modifié à 11h38, le 17 août 2017

Pour Roger Karoutchi (LR), Emmanuel Macron "s'honorerait à retirer sa plainte" contre le paparazzi

© KENZO TRIBOUILLARD / AFP

C'est un commentaire tout ce qu'il y a de plus "en même temps". Au nom du respect de la vie privé, Roger Karoutchi approuve la plainte déposée par Emmanuel Macron contre un paparazzi qui le suivait durant ses vacances estivales ; mais le sénateur LR considère aussi que le chef de l'État a marqué les esprits et fait passer son message, et qu'il devrait donc s'arrêter là.

Sur Europe 1 jeudi 17 août, cet ancien lieutenant de Nicolas Sarkozy (qui envisage de se présenter à la présidence de LR à la fin de l'année) explique :

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Moi je pense qu'il a droit à sa vie privée, sa femme aussi. Qu'il ait porté plainte, je trouve ça - pour la forme - convenable. Maintenant, je serais lui, j'irais pas au bout. Qu'il montre qu'il peut le faire et que ça suffit comme ça - à un moment, il faut aussi respecter un minimum -, mais après, en faire une affaire c'est trop.



[...] Le président de la République s'honorerait, dans les jours qui viennent, à dire que puisque la leçon a été comprise, il retire sa plainte.

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Le 15 août, l'Élysée annonçait qu'Emmanuel Macron avait porté plainte pour "harcèlement et tentative d'atteinte à la vie privée" contre un photographe de presse qui le suivait sur son lieu de vacances à Marseille. Selon la présidence, le paparazzi se serait notamment introduit dimanche "sur la propriété privée" où résident le chef de l'État et son épouse. Ce que l'intéressé dément catégoriquement, estimant par ailleurs avoir été "traité comme un criminel" lors de sa garde à vue, au cours de laquelle les policiers auraient demandé à avoir accès au contenu de la carte mémoire des appareils photo et de l'ordinateur du photographe.

Tout cela a suscité un double débat politico-médiatique ces derniers jours. D'abord au sujet du rapport qu'Emmanuel Macron entretient avec la presse, notamment people : après s'en être allègrement servi durant la campagne présidentielle pour la mise en scène de sa vie privée et de son couple à coups de photos autorisées, il entendrait aujourd'hui attaquer en justice les titres ou journalistes qui s'y intéresseraient hors de son contrôle. Mais surtout, il est devenu rarissime qu'un Président en exercice porte plainte de la sorte : cela ne s'était plus vu depuis Valéry Giscard d'Estaing, à l'exception notable de Nicolas Sarkozy.

En janvier 2014, François Hollande expliquait par exemple ne pas vouloir attaquer Closer (qui avait révélé sa liaison avec Julie Gayet et publié les fameuses photos du chef de l'État casqué sur son scooter) car, protégé qu'il était par son immunité présidentielle, cela créait un déséquilibre. Il disait alors :

 

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Je suis président de la République, je suis protégé par une immunité. On ne peut pas m'attaquer. Puis-je attaquer les autres ? C'est une question de principe. Tout doit me conduire, comme citoyen, à poursuivre cette publication. Si je me retiens, c'est précisément parce que je ne veux pas qu'il y ait deux poids deux mesures.

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En revanche, pour les mêmes faits, Julie Gayet avait porté plainte contre Closer  et le magazine avait finalement été condamné à lui verser 15.000 € de dommages et intérêts.