Propos de Mélenchon sur Moscovici : la faute à une alliance "avec des extrémistes", assure Copé

Publié à 15h34, le 24 mars 2013 , Modifié à 16h17, le 24 mars 2013

Propos de Mélenchon sur Moscovici : la faute à une alliance "avec des extrémistes", assure Copé
Jean-François Copé sur le plateau du Grand rendez-vous, le 24 mars 2013. (Capture d'écran Europe 1)

FALLAIT PAS L'INVITER - C'est la "punchline" de Jean-François Copé. Invité du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien/i>Télé, le président de l'UMP balance dès le début de l'interview :

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C'est le prix que l'on paie quand on s'allie avec des extrémistes.

François Hollande a fait un choix que je condamne depuis le 1er jour, que je trouve extrêmement condamnable, qui a consisté à s'allier avec l'extrême gauche.

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>> A quoi Jean-François Copé fait-il allusion, et pourquoi en parler aujourd'hui ? 

Une fois n'est pas coutume, le co-président du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon s'est montré dur sur l'homme, en l'occurence sur le ministre de l'Economie français, Pierre Moscovici. Lors du 3e congrès de son parti, qui a lieu ce week-end à Bordeaux, Jean-Luc Mélenchon a affirmé :

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Il s'est pris pour un petit intelligent qui a fait l'ENA... C'est un comportement de quelqu'un qui ne pense pas français, qui pense finance internationale.

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Des mots très durs concernant la position de Pierre Moscovici sur le dossier chypriote. Au point qu'Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, monte au créneau pour demander à Jean-Luc Mélenchon de retirer ses propos. L'attaque, estime Harlem Désir :

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signe une dérive dangereuse qui doit cesser dans l'injure et la mise en cause personnelle.

Elle franchit les limites de l'acceptable et ne peut être tolérée par aucun républicain.

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Et le premier secrétaire d'ajouter :

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C'est un vocabulaire des années 1930 que l'on ne pensait plus entendre de la bouche d'un républicain et encore moins d'un dirigeant de gauche.

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>> Pourquoi parler d'"un vocabulaire des années 1930" ?

C'est l'expression "penser français" qui cristallise les critiques.

Ce n'est pas l'antisémitisme qui frappe dans la réflexion de #Mélenchon mais le nationalisme vindicatif et violent, apanage jusqu'ici du #FN

— jean-michel aphatie (@jmaphatie) 24 mars 2013

Mehdi Ouraoui, le directeur de cabinet d'Harlem Désir, s'est montré plus explicite que le communiqué de ce dernier :

Honte à Mélenchon pour qui Moscovici "ne pense pas français, mais pense finance internationale". Discours des années 1930, à vomir !

— Mehdi Ouraoui (@mehdiouraoui) 23 mars 2013

Le journaliste de Libération spécialisé sur l'Europe, Jean Quatremer, connu pour ses passes d'armes souvent frontales avec Jean-Luc Mélenchon ou ses partisans sur Twitter, met carrément les pieds dans le plat :

.@jlmelenchon plus stalinien que jamais.Y compris les relents d'antisémitisme ("Moscovici ne pense pas F, il pense finance internationale").

— Jean Quatremer (@quatremer) 23 mars 2013

Jean-Luc Mélenchon, antisémite ? Stéphane Alliès, journaliste qui couvre l'actualité des partis de gauche, raconte la réaction du co-président Front de Gauche sur son blog sur Mediapart :

Quand la dépêche AFP citant la réaction de Harlem Désir arrive, Mélenchon est franchement abasourdi. "Mais il est pas juif, Moscovici! Si? Mais non, il est chrétien… Enfin, athé, comme chacun d'entre nous…" (...) Il ne comprend même pas l'accusation. "Mais vous êtes vraiment sûr qu'il me traite d'antisémite ? C'est une diversion incroyable!"

>> Réactions sur Twitter

En tout cas, dimanche après-midi, de nombreux responsables politiques, de gauche comme de droite, ont critiqué la déclaration de Jean-Luc Mélenchon, bien que celui-ci ait démenti avoir fait preuve d'antisémitisme... Ne connaissant pas la religion de Pierre Moscovici .

Parmi les politiques échaudés, des députés de gauche comme de droite :

#Mélenchon en a marre de finir derrière Marine #LePen à chaque fois. Cette fois, il a décidé de prendre les devants lci.tf1.fr/politique/mele…

— alexis bachelay (@ABachelay) 24 mars 2013

  

Les relents d'antisémitisme des déclarations de Jean-Luc #Melenchon rappellent les années 30 extrême gauche = extrême droite

— Sébastien Huyghe (@SebastienHuyghe) 24 mars 2013

Et même une ministre :

Avec ses propos contre Pierre Moscovici, JL Melenchon a franchi les lignes de l'acceptable ! Il ne sert ni la gauche, ni la démocratie

— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 24 mars 2013

Puis un deuxième, qui n'y va pas de main morte :

@jlmelenchon et le parti de gauche n'ont qu'un but : détruire incompréhensible inadmissible de la part de responsables soi disant de gauche

— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 24 mars 2013

Les socialistes sont cependant loin d'être unanimes sur la question, et Jean-Luc Mélenchon s'est en revanche vu défendu par le parlementaire Sergio Coronado ou par Julien Dray :

Traiter #Mélenchon d’antisémite, c’est imbécile et ça tue le débat nécessaire #PS#RéseauFDG#PG

— Julien Dray (@juliendray) 24 mars 2013

Il y a déjà bien trop d'antisémites malheureusement pour ne pas en inventer inutilement #Mélenchon#PS#FDG

— sergio coronado (@sergiocoronado) 24 mars 2013

De son côté, Jean-François Copé s'était, le matin même, bien gardé de prendre position sur ces allégations d'antisémitisme.

>> Comment Jean-François Copé met à profit la polémique

Dans le Grand Rendez-vous, il esquive les questions à ce sujet et préfère insister sur la stratégie électorale du Parti socialiste :

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Aujourd'hui l'extrêmiste de gauche qu'est Jean-Luc Mélenchon l'insulte, insulte ses ministres, je considère que François Hollande devrait aller jusqu'au bout de la logique et refuser tout alliance électorale avec les candidats membres du Front de Gauche quels qu'ils soient.

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Jean-François Copé entend dénoncer les accords électoraux entre les socialistes et leurs alliés, par exemple communistes, lors d'échéances électorales. Et ce même si le Front de Gauche avait refusé un accord avec le PS lors des élections législatives de 2012.

Une alliance avec Jean-Luc Mélenchon serait, selon le président de l'UMP, "condamnable". Et Jean-François Copé d'assurer que l'UMP se gardera bien, pour sa part, de passer le moindre accord avec l'extrême-droite lors de ces scrutins.

Un reproche qui permet à Jean-François Copé de renvoyer dos à dos PS et Parti de Gauche tout en donnant à son parti une image respectable : lui, explique-t-il en substance, ne s'allie pas avec des "extrémistes"... contrairement au PS. Car au-delà de Jean-Luc Mélenchon, c'est surtout François Hollande qui est visé :

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Seulement il ne le fera pas, parce que François Hollande n'est pas un monsieur que les principes étouffent quand il s'agit de garder le pouvoir à n'importe quel prix.

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[Edit:16:16 ajout Tweet de Stéphane Le Foll] 

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