Quand le vice-président du parti souverainiste Debout la France semble regretter le temps des colonies

Publié à 16h06, le 08 novembre 2015 , Modifié à 16h31, le 08 novembre 2015

Quand le vice-président du parti souverainiste Debout la France semble regretter le temps des colonies
Dominique Jamet et Nicolas Dupont-Aignan © JACQUES DEMARTHON / AFP

NOSTALGIE - Question : peut-on être souverainiste pour soi et regretter le temps de colonies ? À cette question - il est vrai un peu étrange pour un dimanche de novembre - le vice-président de Debout la France, Dominique Jamet, répond plutôt par "oui".

Cela peut paraître paradoxal mais le n°2 de DLF a une théorie. Il la formule dans sa chronique hebdomadaire "Jamet le dimanche", repérée par le journaliste Olivier Biffaud et publiée ce 8 novembre sur le site de Debout la France . Dans cette chronique, le cofondateur (avec Robert Ménard) du site Boulevard Voltaire parle histoire et géographie. Surtout, il s'énerve d'entendre dire que son pays – la France donc – est :

1. une terre d'immigration.

2. raciste.

Pour lui, ces deux idées sont fausses. Cela le conduit tout naturellement à parler des réfugiés. "Il faudrait manquer singulièrement de raison et de cœur pour ne pas comprendre les motivations et les actes des millions de persécutés, de déshérités et de malheureux qui sont prêts à affronter tous les périls et à violer tous les règlements dans l’espoir d’une vie meilleure et pour ne pas être ému de compassion par les drames dont ils sont victimes", écrit-il.

Le constat est là. Mais, d'après lui, la France n'est pas responsable de ces situations dramatiques qui poussent des gens à risquer leur vie pour gagner l'Europe. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces pays-là ont voulu leur indépendance et que, du coup, ils doivent assumer.

Voici ce qu'on peut lire :

 

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Au demeurant, si le droit d’asile vaut pour ceux qui n’ont d’autre issue pour échapper à la violence et à la mort, en quoi sommes-nous coupables et comptables des désastres économiques, sociaux et politiques que provoquent ou que ne savent pas juguler les gouvernements d’Etats qui, ayant accédé à l’indépendance, nous ont privés du droit et de la possibilité de contrôler leur démographie, de réprimer leur corruption, de les aider dans leur développement?

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On notera que contrôler la démographie des pays colonisés était donc "un droit".

Le paradoxe est là. D'un côté, Dominique Jamet est le vice-président d'un parti qui a orienté sa pensée et son action politique autour des idées souverainistes. Il fait partie d'une famille politique qui veut préserver la souveraineté nationale de la France par rapport à des instances supranationales. De l'autre côté, il explique que si les pays d'origine des réfugiés étaient restés des colonies, la France aurait eu sa part de responsabilité dans les migrations de réfugiés. Et donc aurait pu – ou dû – en accueillir plus. Mais pas là. Au contraire. Il ajoute :  

 

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On nous a suffisamment mis en garde puis condamnés pour avoir voulu imposer notre manière de vivre et de penser aux peuples que nous avions colonisés pour que nous soyons en droit de refuser d’être à notre tour victimes d’une colonisation à rebours.

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Voilà donc un souverainisme à géométrie variable, applicable à la France mais peut-être pas autant pour ces pays d'Afrique et d'Orient d'où viennent la plupart des réfugiés.

Alors évidemment, tous les migrants ne sont pas des envahisseurs. "Ceux qui ont mis leur énergie, leur talent, leur effort au service du pays qui les a accueillis, élevés, employés ont naturellement les mêmes droits, la même légitimité que les autochtones, les naturels, les indigènes, les peuples premiers que nous sommes. Venus chez nous sans esprit de retour, ils sont une part de nous-mêmes", ajoute Dominique Jamet.

D'autant que certains d'entre eux s'en sortent bien. Un peu plus haut, il relève que Nicolas Sarkozy, hongrois d'origine, ou Manuel Valls, né en Espagne, ont eu de hautes responsabilités. Ce qui doit bien vouloir dire quelque chose…

Contacté par le Lab,  Nicolas Dupont-Aignan ne voit aucun paradoxe dans les écrits de Dominique Jamet. Le président de Debout la France dit :

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Il écrit ce qu'il veut. Je n'aurais sans doute pas écrit la même chose mais pour une fois que quelqu'un parle de l'aspect positif des colonies et pas seulement de l'aspect négatif… Il faut arrêter cette honte de soi.

 

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Et la tête de liste DLF pour les régionales en Île-de-France de préciser qu'il a "toujours été pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" et qu'il n'a pas changé d'opinion sur le sujet.

Il conclue en saluant la "liberté d'expression" qu'il y a dans son parti et qui permet donc à Dominique Jamet d'écrire ainsi :

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Il y a tellement peu de liberté d'expression dans notre pays. On ne peut plus rien dire...

 

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[BONUS TRACK] En chantant…

Ça nous semblait évident. Pas vous ? 

Du rab sur le Lab

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