PLACARD A ARCHIVES - C'est ce qu'on appelle virer sa cuti. Ou plus simplement changer d'avis. En plongeant dans les archives du magazine Têtu, Le Lab a fait une découverte surprenante: les dirigeants du parti centriste ont changé d'avis sur la procréation médicalement assistée pour tous, et plus largement sur la question du mariage pour tous.
Premier d'entre eux: Jean-Louis Borloo. Le 6 février dernier, l'ancien ministre de l'écologie se prononce en faveur du mariage pour les couples de même sexe, mais se dit "opposé à la procréation médicalement assistée (PMA)", sous réserve de l'avis du Comité consultatif national d'éthique. "Il y a une quasi unanimité à l'UDI contre l'extension de la PMA" expliquait-il alors aux journalistes parlementaires.
Ce n'est pas ce qu'il affirmait à Têtu à l'été 2011. Celui qui à l'époque réfléchit à une candidature à la présidentielle, déclare:
"J’y ai beaucoup réfléchi [...] Si vous dites non, c’est que quelque part vous n’êtes pas convaincu que c’est le même amour.
[...] Après avoir longtemps hésité, ma réponse, à titre personnel, est oui.
"
Un revirement également observé sur la question de la GPA. Le 30 janvier dernier, il se disait "totalement opposé"à la gestation pour autrui", sans "aucun doute" sur La Chaîne Parlementaire.
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Il fut un temps où le président du parti radical était moins catégorique. Dans l'entretien qu'il accorde à Têtu en 2011, il fait part de ses interrogations sur la gestation pour autrui:
"À partir du moment où il suffit de faire quelques kilomètres pour le faire, j’ai le sentiment que la question tombe d’elle-même.
Vous n’empêcherez pas les gens de le faire. Est-ce qu’il ne faut pas plutôt l’accepter et l’encadrer ? De l’autre côté, il s’agit du respect du corps de la femme.
"
S'il ne se prononce pas clairement en faveur de la GPA, le président de l'UDI laisse la question de la GPA ouverte, en débat.
Son collègue de l'UDI et président du Nouveau Centre, Hervé Morin, adoptait lui aussi des positions plus gay-friendly lorsqu'il se trouvait devant le journaliste de Têtu.
Le 31 janvier dernier, à la tribune de l'Assemblée, il se prononce contre le texte de loi du gouvernement, qui, selon lui, divise les Français: "Il faut aller le plus loin possible dans la réponse aux problèmes et aux aspirations des uns, mais en s'arrêtant là où commence la blessure des autres".
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Comprendre ici que le président du Nouveau Centre se prononce plutôt pour une union civile qui ne porterait pas le nom de mariage, afin de ne pas diviser les Français.
Or, en mars 2011, alors qu'il fait planer le doute sur une éventuelle candidature à la présidentielle, il estime que, tôt ou tard, la France viendra à adopter le mariage gay:
"Il y a huit pays européens qui acceptent le mariage. Des pays catholiques comme l’Espagne. Je pense que, là aussi, il y a un mouvement de fond océanique, mais il faut le faire sans heurter.
"
Si on observe une légère nuance dans son positionnement sur le mariage, Hervé Morin n'a, en revanche, pas bougé d'un iota sur l'adoption pour les couples de même sexe. Les homosexuels adoptant déjà des enfants en tant que célibataire, Hervé Morin estimait le 31 janvier dernier que "nous devons faire cesser cette hypocrisie du droit français dont l'enfant est la principale victime".
En mars 2011, alors qu'il laisse planer sur le suspens sur une éventuelle candidature à la présidentielle, il affirmait qu'il intégrera l'adoption à son projet:
"Je considère qu’au nom de l’intérêt de l’enfant, celui-ci devrait pouvoir bénéficier de la double autorité parentale.
"
Car, s’il arrive malheur à celui qui l’a adopté, cela permettrait à celui qui l’a aussi élevé de pouvoir continuer à l’éduquer, lui donner de l’affection.
Lire l'intégralité des entretiens de Jean-Louis Borloo et Hervé Morin à Têtu ici: