INFORMATION EXCLUSIVE - Mise en place après l'attentat contre Charlie Hebdo, l'opération Sentinelle (entre 7.000 et 10.000 militaires répartis sur le territoire national) n'a jamais cessé de faire polémique, y compris parmi les militaires et l'état-major eux-mêmes. Un débat encore relancé après que six militaires ont été blessés par un homme au volant d'une voiture, mercredi 9 août à Levallois-Perret, portant à une vingtaine le nombre d'attaques contre des hommes de cette force depuis 2015. Et si certains élus, particulièrement de droite, réclament la fin ou du moins la "remise à plat" de ce dispositif, ce n'est pas le cas d'Éric Ciotti.
Dans Le JDD dimanche 13 août, le député LR des Alpes-Maritimes estime au contraire que "ce n'est pas le moment de baisser la garde" et que le travail des militaires déployés dans le cadre de ce dispositif est "utile et important". Il critique donc une éventuelle diminution des effectifs de la force Sentinelle, évoquant l'existence d'un "plan encore confidentiel" de l'exécutif allant dans ce sens :
"Les [militaires de Sentinelle] sont aujourd'hui 7.500 mobilisés, contre 10.000 il y a quelques semaines. Or, un plan encore confidentiel est en cours de discussion au ministère des Armées pour réduire ce nombre à 5.000 après l'été.
"
"Dans ce contexte, sortir de l'état d'urgence en novembre est irresponsable et présente un risque majeur", poursuit celui qui se voyait ministre de l'Intérieur en cas de victoire de Nicolas Sarkozy ou François Fillon à la présidentielle.
Sans préciser quoi que ce soit au sujet des effectifs, Emmanuel Macron n'a pourtant pas caché son intention de revoir "en profondeur" le dispositif Sentinelle dans les semaines à venir. Le 13 juillet, devant la communauté militaire à la veille du défilé du 14-juillet, le chef de l'État annonçait ainsi du nouveau pour "l'automne" :
"Nous proposerons à l'automne une nouvelle doctrine d'intervention qui permettra de revenir en profondeur sur l'organisation de Sentinelle afin d'avoir une plus grande efficacité opérationnelle et de prendre en compte l'effectivité et l'évolution de la menace.
"
Sur Sentinelle comme sur les autres théâtres d'opérations, "nous devons mieux anticiper et toujours nous ajuster", soulignait encore Emmanuel Macron en traçant la feuille de route des armées.
Lundi 7 août, la ministre des Armées Florence Parly confirmait que le dispositif de l'opération Sentinelle serait prochainement adapté "pour s'inscrire dans la durée" et que ses services, en collaboration avec ceux du ministère de l'Intérieur, travaillaient à des propositions de réforme de l'opération qui seront présentées en septembre au président de la République. Elle détaillait :
"Sentinelle restera en place tant qu'elle sera utile à la protection des Français. Il faut maintenant s'inscrire dans la durée, et déployer nos efforts de façon un peu différente. L'objectif est de s'adapter sans cesse à la menace.
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Là encore, aucune mention explicite des effectifs. Mais il semble donc *un tantinet* excessif de parler, comme le fait Éric Ciotti, d'un "plan encore confidentiel" de l'exécutif au sujet de l'opération Sentinelle... Lundi, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a d'ailleurs ironisé sur ces propos du député LR, qualifié d'"auteur du polar de l'été" :
Le chef d'état major des armées fera des propositions à la rentrée, mais il a déjà le "plan confidentiel": #Ciotti auteur du polar de l'été? https://t.co/M4wtm6rDh1
— Christophe Castaner (@CCastaner) 14 août 2017
Critiquée pour son coût et l'effort considérable qu'elle impose à des forces armées déjà engagées sur de nombreux théâtres d'opérations, Sentinelle est aussi accusée de détourner les militaires de leur mission première, en en faisant des "supplétifs des forces de police et de gendarmerie" pour reprendre les mots de Georges Fenech, ancien député LR et ex-président de la commission d'enquête sur les attentats de 2015, qui n'est donc pas du tout sur la même ligne que son collègue Éric Ciotti.
Par ailleurs, les militaires déployés dans ce cadre n'ont pas réellement empêché d'attentas hormis ceux dont ils étaient eux-mêmes les cibles. Ce qui conduit beaucoup de militaires à dénoncer une "opération piège à miel", qui offre des cibles très visibles aux terroristes plus qu'elle ne protège la population.
[Edit 14/08 10h40 : ajout tweet Castaner.]