À 92 ans et malgré la vague de renouvellement, Serge Dassault compte bien conserver son mandat de sénateur. Candidat à sa succession dans l’Essonne en septembre prochain, l’ancien maire Les Républicains de Corbeil-Essonne n’a cependant pas été investi par le parti de la rue de Vaugirard.
Tranquilou, Serge Dassault a donc tenté le tout pour le tout et sollicité l’investiture de… La République en marche. Mediapart révèle ainsi, ce mercredi 12 juillet, l’existence d’un coup de fil du sénateur sortant à Jean-Paul Delevoye, président de la commission d’investiture du parti macroniste. *Étonnamment*, Serge Dassault s’est vu adresser une fin de non-recevoir. Jean-Paul Delevoye indique à Mediapart, laconique :
"Ne correspond pas à nos critères.
"
En effet, le nonagénaire, par ailleurs doyen du Sénat, n’incarne pas vraiment le renouvellement prôné par LREM, pas plus qu’il ne répond à l’exigence du casier judiciaire vierge. Outre trois condamnations pour entrave au fonctionnement du comité d’entreprise (1991), pour chasse à l’aide d’un moyen prohibé (1997) puis pour corruption (1998), Serge Dassault a été reconnu coupable, en février dernier, de blanchiment de fraude fiscale pour avoir caché au fisc français, pendant quinze ans, des millions à l'étranger. L’industriel a été condamné à deux millions euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité , décision de laquelle il a fait appel.
Les accusations de dissimulation concernent quatre fondations et sociétés, basées au Luxembourg et au Liechtenstein, qui ont abrité jusqu'à 31 millions d'euros en 2006, près de 12 millions d'euros en 2014. Il lui était également reproché d'avoir omis dans ses déclarations de patrimoine près de 12 millions d'euros en 2014 et 16 millions d'euros en 2011. Il a depuis régularisé sa situation, en réglant 19 millions d'euros pour huit ans de redressement fiscal.
De son côté, LR a finalement choisi d’investir, mardi 4 juillet, Jean-Raymond Hugonet, maire sans étiquette de Limours-en-Hurepoix et président de l’Union des maires de l’Essonne (UME). Une décision que Jean-François Lamour, président de la commission d’investiture, justifie ainsi auprès de Mediapart :
"On ne savait toujours pas si Serge Dassault souhaitait se représenter ou non. C’était la dernière circonscription sans personne, nous avons donc choisi monsieur Hugonet.
"
Il précise que Serge Dassault peut toujours, s’il le souhaite, constituer sa propre liste. Peut-être aurait-il alors droit à un petit mot d’appui de Manuel Valls, qu’il avait soutenu aux législatives alors qu’il n’était investi ni par le PS, ni par LREM ?