En vacances, la ministre Dominique Bertinotti apprécie "d'avoir le temps de prendre le temps". Et le reste de l'année ? Le temps libre n'est pas vraiment dans le vocabulaire de l'exécutif qui même pendant les vacances veut "se bouger", selon les mots de François Hollande. Pourtant, un ancien ministre socialiste propose de remettre au goût du jour du ministère du Temps libre, créé par François Mitterrand en 1981.
Sur France Culture, André Henry, ancien ministre du Temps libre de 1981 à 1983 voit d'un bon oeil l'idée de relancer le ministère qu'il a jadis tenu.
Je suis tout à fait convaincu qu'il y a place aujourd'hui dans un gouvernement pour cette notion de loisir maîtrisé. L'idée du temps libre, du temps choisi, du temps libéré, on peut employer le terme que l'on veut, est toujours une idée neuve.
(...)
Il y a la nécessité de donner un sens à la vie pour des quantités de gens qui n'ont pas les moyens d'imaginer des vacances, d'imaginer des vacances heureuses, c'est aujourd'hui une nécessité comme hier.
En 1981, le président de la République lançait ce singulier portefeuille, lors du premier gouvernement de Pierre Mauroy. Il avait en charge les questions de tourisme, de jeunesse et de sports.
Ce ministère disparut en 1983, remplacé par un éphémère ministère délégué au Temps libre, à la Jeunesse et aux Sports, puis définitivement enterré en 1984 avec l'arrivée de Laurent Fabius à Matignon.
Pour le ministère du Temps libre version 2013, André Henry, qui a été l'unique ministre avec cette charge de plein exercice, a déjà une petite idée du nom : "ministère du temps maîtrisé".
Je crois qu'avec l'expérience on pourrait donner beaucoup de force, beaucoup d'intérêt à une telle idée. Appelons-le par exemple ministère du temps maîtrisé.
"Sans doute, ce ministère serait brocardé. Et alors ?", demande André Henry, conscient du décalage avec la période. De son temps, il était aussi raillé. "Ministère des zombies", "de la fainéantise", "de l'inutilité", les moqueries avaient été nombreuses de la part de la droite, comme il le racontait au Monde.
En 1981, ce ministère était emblématique du changement de société que voulait engager François Mitterrand. Un symbole de l'utopie de 1981, rappel des idées du Front populaire dans les années 30, avec la création des congés payés ou le premier ministère dédié aux Sports et à l'organisation des loisirs.