Les investissements qataris en France suscitent dans la classe politique critiques et scepticisme. Marine Le Pen y voit même "le cheval de Troie de l'islamisme" en France.
Dans la même logique, le 27 février, une proposition de loi UMP – qui n’a que très peu de chances d’être un jour mis à l’ordre du jour et qui est principalement une arme d’affichage politique – présentée par Damien Meslot et enregistrée à l’Assemblée nationale, envisage d’interdire "le financement par des Etats étrangers des cours d’arabe donnés en France".
Tel est l’objet officiel de la proposition de loi qui, pourtant dans son texte, prévoit d’interdire "l’enseignement d’une langue étrangère dans un établissement d’enseignement". Dans la rédaction du texte de loi, le mot "arabe" a ainsi disparu.
Dans l’exposé des motifs, le député est clair. D’emblée :
En France, des organismes privés dispensent des cours de langues étrangères et notamment d’arabe financés par des États étrangers.
Et le député du Territoire-de-Belfort de développer son argumentation, soulignant que ces enseignements sont "souvent proches d’un islamisme radical" :
Sur le plan juridique, l’interdiction d’un enseignement délivré par un établissement d’enseignement financé par des États étrangers est justifiée par le risque que cet enseignement porte atteinte à l’ordre public.
En effet, des États étrangers financent des cours de langues étrangères pour transmettre des messages contraires aux valeurs de la République, et contraires aux droits de l’Homme. Ces messages sont des appels aux troubles de l’ordre public sur le territoire national.
Ainsi, dans certains quartiers sensibles, des cours d’arabe, financés par des réseaux occultes venant de l’étranger, prodiguent des enseignements dont le contenu véhicule des messages extrémistes, portant atteinte aux droits de l’Homme et aux libertés fondamentales.
Cela n’est pas tolérable en France. Ces enseignements, souvent proches d’un islamisme radical, peuvent représenter un danger pour la sécurité de notre territoire national.
Cette proposition de loi se rapproche d’une des propositions de la Droite forte, collectif de l’UMP fondé par Guillaume Peltier et Geoffroy Didier.
Dans la partie "laïcité et vivre ensemble", cette motion présentée lors du scrutin pour la présidence de l’UMP et arrivée en première position des courants proposait ainsi de "supprimer les ELCO (enseignements des langues et cultures d’origine" :
Suite aux recommandations de la Commission Stasi et du Haut Conseil à l’Intégration, il convient de supprimer ces enseignements qui ont été mis en place en 1975 dans un souci de maintenir le lien entre immigrés et pays d’origine, mais qui, aujourd’hui "relèvent d’une logique communautariste", selon le Rapport Stasi.
Ces enseignements sont essentiellement dispensés dans l’enseignement primaire. Les enfants dont les familles le souhaitent bénéficient de trois heures de cours par semaine, principalement des cours d’arabe depuis les accords bilatéraux (Tunisie en 1974, Turquie en 1978, Algérie en 1981).
Le financement est assuré par les pays étrangers pour ce qui concerne les postes et les manuels dont se servent les enfants. Il s’agit de mettre fin à ces dérives communautaristes.