Les programmes servent-ils encore à quelque chose ? Alors que François Hollande a dévoilé le sien ce jeudi, Vogelsong, blogueur pour le Lab, estime que les Français ne sont pas dupes, et qu'il s'agit là seulement de marketing. Son point de vue. (Et le vôtre ?)
L'objet programme : du marketing politique
Ne lisez pas les programmes, ça ne sert à rien. Bon sens ou hérésie démocratique ? Comment zapper la profession de foi du candidat qui engage sa personne sur la réalisation de ce projet durant sa mandature ? Le programme est, dit-on, la pierre angulaire de l’élection. Le sésame qui ouvre la voie de la respectabilité, mais surtout, de la crédibilité entre ce qui est faisable, ce qui est souhaitable et ce qui est possible. Mais il peut aussi être perçu comme un grand exercice d’amnésie collective, et la quintessence du gadget marketing en politique.
Le programme politique s’apparente plus à un budget d’expansion de start-up qu’à une feuille de route de gouvernement. En ce sens, elle permet, à plus ou moins long terme, de dire que l’on n’a pas tenu ses promesses. Et la vie politique française, dans ce domaine, ne manque pas d’exemples saillants. En 1981, François Mitterrand a mis un peu plus de deux ans pour faire demi-tour, pour annoncer que finalement ce n’était plus possible. Et que le programme de gauche, de changement ainsi voté ne pourrait être totalement poursuivi. Pour Nicolas Sarkozy c’est plus flou. On pourrait dire que le reniement de ses engagements varie entre 3h et 1 mois. On se souviendra de sa tirade place de la concorde, la voix vibrante "Je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrais pas". Avec le recul, on confine au pathétique.
Chacun à son prétexte. En 1983-84, la gauche, sous la pression budgétaire et européenne, n’a pas voulu (pu) sauter du train continental. On déploiera nombre d’artifices médiatiques, dont le fameux exercice télévisuel pédagogique "Vive la crise", pour masser les consciences et faire passer l’amertume. Pour la période sarkozyste, on a eu la crise. Réceptacle de toutes les difficultés, ce grand alibi de sortie de feuille de route.
Mais surtout, l’objet programme, n’est qu’un élément parmi les autres du dispositif de marketing politique. Au même titre que le Haka PS, les lunettes rouges mais surtout les couleurs de cravate et les slogans qui font mouche. D’ailleurs, le passé montre que les candidats furent plus élus sur un gimmick, que sur une réelle vision politique. Et seuls les experts, par exemple, ont vu dans Nicolas Sarkozy un tournant libéral en 2007. Pour le citoyen, il s’agissait surtout de "gagner plus".
Enfin, le programme est un artifice piégeux et globalisant. Pour en revenir à Nicolas Sarkozy en 2007, c’est tout ou rien. En d’autres termes il faut à la fois croire au paiement des heures supplémentaires et accepter dans le même lot, la stigmatisation des étrangers. Or sur une proposition (le gagner plus), on ramasse le tout (la totalité du programme)…
Une enquête publiée dans Libération et citée par Paul Quinio en février 2007 montrait que sur une base de 100 personnes, 11% ne se prononcent pas. Et sur les 89% qui citent le nom d'un candidat de leur choix, 56% pensent qu’ils peuvent changer d’avis. Les Français manifestement ne lisent pas les programmes. Soit ils ont compris l’entourloupe, soit ils n’en ont pas le temps.Piratage(s), le blog de Vogelsong
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