Le Front national avait fait partie de ceux qui s'étaient le plus fermement indignés des propos d'Emmanuel Macron sur la colonisation en Algérie. Quand le candidat d'En Marche ! avait jugé, depuis Alger, que cette partie de l'histoire de France était "un crime contre l'humanité", le Front national l'avait accusé de trahison vis-à-vis de la patrie par le biais de cette "cette repentance permanente". Ça, c'était le discours officiel des plus hauts cadres du parti, à l'instar de son vice-président Florian Philippot. Mais ces accusations sont-elles allées plus loin de la part de certains partisans frontistes ? C'est ce qu'assure Emmanuel Macron, qui dit avoir "reçu des menaces de mort" émanant de "militants actifs" du parti d'extrême droite.
Le candidat En marche ! à la présidentielle l'a affirmé jeudi 6 avril sur le plateau de L'Émission politique, au cours de son échange avec la professeure Barbara Lefebvre (qui participe également à la campagne de François Fillon tout en le niant officiellement) consacré à ces propos sur la colonisation. Justifiant le fait d'avoir parlé de "refoulé colonial", l'ex-ministre de l'Économie a lancé :
"- Emmanuel Macron : Je dis que si tout allait bien, on n'aurait pas ce genre de discussion. On est plus de 60 ans après ce qui s'est passé. Faut ouvrir les yeux, pardon de vous le dire. Quand vous allez dans les banlieues, quand vous allez dans d'autres coins de la France où il y a des familles de rapatriés, tout ne va pas bien. Je veux dire, moi j'ai reçu des menaces de mort suite à ce que j'ai dit. De certaines personnes qui consistent...
- Journaliste : Mais qui ?
- Emmanuel Macron : Mais, aujourd'hui des gens qui sont militants actifs du Front national et qui considèrent que je suis un traître au même titre de Gaulle qui en 62 les a trahis. Donc il y a, que ça vous plaise ou non, des mémoires profondément traumatiques dans notre pays liées à la guerre d'Algérie, de part et d'autre.
"
Une séquence à revoir dans cette vidéo isolée par Le Lab :
À notre connaissance, aucun responsable frontiste n'a pour l'heure réagi à cette affirmation. Cette dernière n'est d'ailleurs peut-être pas dénuée d'arrière-pensées électorales, dans cette fin de campagne présidentielle où Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont les deux principaux favoris du premier tour et se sont mutuellement désignés comme le "principal adversaire" de l'autre. Sans oublier le fait que le FN a toujours soigné l'électorat pied-noir, nombreux dans ses bastions du Sud-Est et toujours profondément marqué par l'indépendance de l'Algérie et la disparition de l'Algérie française.
Face au tollé provoqué par sa phrase sur le "crime contre l'humanité", l'ancien ministre s'était adressé aux pieds-noirs au cours d'un meeting dans le Var, s'excusant d'avoir pu les "blesser et [les] offenser" et lançant un plus global "je vous ai compris et je vous aime" très gaullien (mais pas des plus à propos au regard des suites historiques de cette déclaration du Grand Charles).