POSTURE(S) - C'est un instant de débat parlementaire qui illustre l'impasse dans laquelle a débouché le gouvernement avec la loi Travail. En présentant ce texte, l'exécutif s'est d'abord aliéné la gauche de la gauche, dont une partie du PS. En le modifiant sous la pression des manifestations et des syndicats, il a ensuite ulcéré la droite, qui aurait pu le voter au départ, sans pour autant satisfaire la gauche. Aujourd'hui, il n'y a guère plus que le gouvernement lui-même qui défende cette réforme du code du Travail, "utile au pays" selon lui. Et s'il y a dans tout cela des convictions de fond et des revendications politiques, ce débat n'est pas exempt non plus de postures beaucoup plus politiciennes de toutes parts.
C'est ce qu'a voulu dénoncer Myriam El Khomri, au Sénat mardi 14 juin, lors de l'examen de la loi Travail, comme l'a rapporté Public Sénat. Elle qui en a visiblement gros a ainsi raillé les discours parfois automatiques des opposants au texte, visant tour à tour LR et le groupe CRC (Front de gauche) :
"Écoutez, depuis que nous avons commencé les débats hier, d'un côté de l'hémicycle [la droite, ndlr], la loi est vidée de son contenu, de ce côté [la gauche] nous avons été dans la fermeté, nous n'avons absolument pas bougé d'un pouce depuis les trois derniers mois.
Sincèrement, faudrait savoir. Sincèrement, faudrait savoir.
"
Et de faire valoir : "Nous avons pris 15 jours avec les organisations syndicales et patronales justement, au mois de mars, et à partir de là, nous avons apporté de profondes modifications au texte de loi. C'est ce qui nous est reproché aujourd'hui de ce côté-là [elle pointe la droite, ndlr]. Par la suite, dans le cadre de la responsabilité du gouvernement, dans le cadre de l'article 49.3, nous avons pris près de 800 amendements dans le cadre du débat parlementaire. [Elle s'adresse au groupe communiste :] Donc vous ne pouvez pas dire qu'on écoute mais on n'en fait rien. Vous ne pouvez pas dire ça puisque vous voyez bien que ce projet de loi a évolué sur les trois derniers mois."
Avant de demander à tout ce petit monde un petit effort en matière d'honnêteté intellectuelle :
"Si nous souhaitons continuer de façon paisible, apaisée et avancer de façon constructive, je pense qu'il faut aussi un minimum de rigueur intellectuelle dans cet hémicycle.
"
Une sortie qui lui permet donc, a contrario, de se présenter (et le gouvernement avec elle) comme étant à l'écoute et dans la recherche du consensus. Soit la posture de la sagesse et de la raison. Le tout à peu de frais.